Iran Focus, Londres, 4 décembre Dernier acte après des mois daffrontements sur le contrôle de limmense industrie pétrolière iranienne : pour occuper le poste stratégique, le président Mahmoud Ahmadinejad a nommé dimanche dernier Kazem Vaziri-Hamaneh, qui fait actuellement fonction de ministre du Pétrole.
Vaziri-Hamaneh est un ancien haut responsable du ministère du Pétrole. Il a servi dans le gouvernement précédent en tant que ministre adjoint du pétrole. Ce portefeuille important demeure vacant depuis le mois daoût. En effet, les députés du parlement, où les ultra-conservateurs sont majoritaires, ont voté contre la nomination de trois candidats à ce poste au motif quils navaient pas la capacité de diriger le secteur pétrolier dune importance vitale.
LIran se situe au quatrième rang mondial des producteurs de pétrole et tire 80 % de ses revenus du pétrole et du gaz.
Le Majlis doit se prononcer la semaine prochaine sur le nouveau candidat. Les premières réactions des différentes factions politiques siégeant au parlement iranien donnent à Vaziri-Hamaneh de meilleures chances de survie quà ses prédécesseurs.
« Il a 30 ans dexpérience dans le secteur du pétrole et je le soutiens personnellement. Cest un expert, il est engagé. Cest un disciple du guide suprême et un religieux », a déclaré le président de la Commission de lEnergie au Majlis, Kamal Danechyar, à lIRNA, lagence de presse officielle.
Selon des analystes de la vie politique et économique, les échecs successifs pour trouver un ministre du pétrole ont égratigné limage du président ultra conservateur de lIran et causé des dommages à léconomie du pays.
Une des grandes promesses électorales dAhmadinejad était de « se débarasser de la mafia pétrolière » et de « redistribuer au peuple les revenus du pétrole ». Il fait régulièrement le vu de couper les mains aux « personnes influentes qui mettent dans leurs poches les bénéfices immenses tirés des ventes de pétrole ».
Lagence dinformation gouvernementale ISNA a cité une déclaration que Ahmadinejad a effectué dimanche dernier : « Le processus et les procédures de la vente du pétrole doivent être totalement légales, transparentes et quantifiables financièrement. A aucun moment les partis ou les personnalités politiques ne doivent en tirer profit. Aucune action ne doit être entreprise dans le secret ».
Les observateurs pensent que lancien président iranien, Ali-Akbar Hachemi Rafsandjani, dont les fils et les proches parents ont été personnellement très impliqués dans le commerce pétrolier national, est la cible de la campagne « anti-corruption » de Ahmadinejad.
« Grossièrement, il existe au sein du Majlis deux formations qui font échouer les tentatives dAhmadinejad de prendre le contrôle du Ministère du Pétrole », a déclaré Simon Bailey, analyste spécialiste du Golfe Persique au Gulf Intelligence Monitor de Londres. « Vous avez certains députés qui doivent leur siège à Rafsandjani. Mais plus important encore, il y a un bloc dultraconservateurs dirigé par Ahmad Tavakkoli. Ils sont également opposés aux entreprises pétrolières de Rafsandjani, mais veulent voir leur propre homme à la direction du ministère du Pétrole, et non pas un ami de Ahmadinejad ».
« Gardez en mémoire que dans ce pays, les partis politiques ne sont pas des institutions puissantes. De ce fait, des alliances fragiles se font et se défont à tout moment. Au sein du parlement, beaucoup de choses se décident sous limpulsion de deux personnalités ultraconservatrices, Ahmad Tavakkoli et Mohammad-Reza Bahanor. Bien quils soient dans le même camp ultra-conservateur, ils apparaissent davantage comme des rivaux que comme des partenaires.