Courrier international : 28 octobre – Revue de presse – Qui aura le dernier mot dans laffaire du nucléaire iranien ? Plus dun an après le début de la crise, le sujet continue à faire la une de la presse locale. Divisés sur la stratégie à adopter lors des négociations avec l’étranger, les journaux s’accordent sur un point : l’Iran a besoin de la technologie nucléaire.
Téhéran trouvera-t-il un terrain d’entente avec Berlin, Londres et Paris, qui lui proposent leur coopération sur le très sensible dossier du nucléaire iranien ? Pour la deuxième fois en l’espace d’une semaine, la troïka européenne rencontre, le 27 octobre, à Vienne, la délégation iranienne. Les Européens souhaitent voir lIran cesser définitivement son programme denrichissement duranium. Mais, à l’instar de leur précédente rencontre, cette deuxième rencontre a peu de chances daboutir, et les journaux iraniens affichent leur position sur la stratégie à adopter.
Pour le journal Iran, les choses sont claires : « Nous ne pouvons pas laisser prendre en otage notre industrie énergétique par des puissances dont les buts politiques ne seraient pas dénués d’intérêts commerciaux. » Le quotidien a des mots très durs pour défendre lhonneur du pays, mis à mal par lattitude des Européens et des Américains. « La proposition européenne est une insulte à notre intelligence. Nous avons dû agir vraiment mal pour mériter dêtre traités comme des enfants. Quant aux Etats-Unis, ils nous ont traités comme des attardés mentaux en suggérant que ‘lIran na pas besoin dénergie nucléaire’ ; ils ont montré de la mauvaise volonté en refusant de faire la distinction entre le développement de l’industrie nucléaire civile et militaire en Iran », accuse le journal de Téhéran. L’Iran ne doit pas céder face aux puissances étrangères car « le pays doit minimiser lutilisation de ses réserves de gaz et de pétrole comme carburant, car elles peuvent servir pour la production de milliers de biens de consommation », estime le quotidien. « Le pays doit progresser en matière de technologie nucléaire, pas uniquement pour des usages civils comme la nourriture, la médecine, les transports et la communication, mais aussi pour faire progresser la science elle-même. » Pour Hamshahri, la crise actuelle du pétrole prouve qu’il faut se tourner vers de nouvelles énergies, particulièrement l’énergie nucléaire. « Le gouvernement doit agir avant que les réserves ne s’épuisent », estime ce quotidien réformateur modéré.
« Nous sommes dépendants de ces trois pays européens », rappelle pour sa part le journal en ligne Iran Emrooz. « Rejeter à nouveau loffre de lEurope comporte des risques importants. Si nous refusons de collaborer avec le trio européen, nous nous retrouverons seuls face aux Etats-Unis, et il ne sera plus possible de négocier », prévient ce journal dopposition. Ce n’est pas l’avis du journal Jam-é-Jam Daily, qui sappuie sur les propos de Hassan Rohani, chef du dossier nucléaire, pour minimiser les risques qu’il y aurait à traiter directement avec les Etats-Unis. Selon M. Rohani, même si l’Iran figure dans « laxe du mal » invoqué par Bush, « nous ne devons pas oublier que les sanctions les plus fortes contre lIran ont toujours été imposées à lIran par des démocrates. Durant son mandat, Bush na jamais mis en uvre dactions concrètes contre lIran, malgré une rhétorique très dure. »
Pour pallier le manque de confiance des Européens et des Américains, ainsi que pour réduire leur peur de lalliance russo-iranienne, le quotidien Iran propose « aux mousquetaires occidentaux dinvestir dans lindustrie nucléaire iranienne, ce qui leur permettra de contrôler directement ce qui se passe ».