AFP : 28 octobre – L’Iran, dont les négociations avec les Européens n’ont pas abouti mercredi, aura jusqu’à la mi-novembre pour décider d’un arrêt illimité de l’enrichissement d’uranium ou risquer des sanctions de l’ONU, selon des diplomates jeudi.
« Le 15 novembre est une sorte d’ultimatum logistique pour l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) » car il lui faudrait dix jours pour vérifier, le cas échéant, que l’Iran a bien suspendu ses activités pour l’enrichissement, a déclaré un diplomate occidental.
Selon lui, ce délai a été mentionné par le directeur-général de l’AIEA Mohamed ElBaradei pour être prêt avant la réunion cruciale du 25 novembre. Les Etats membres de agence onusienne de sûreté nucléaire décideront alors de transmettre ou non le dossier iranien au Conseil de sécurité des Nations unies.
Convaincus que l’Iran recherche l’arme atomique malgré ses dénégations, les Etats-Unis veulent l’envoi au Conseil de sécurité pour d’éventuelles sanctions internationales. Paris, Berlin et Londres préfèrent – encore, bien que durcissant le ton – un dialogue critique avec Téhéran.
Un porte-parole de l’AIEA, l’agence onusienne de sûreté nucléaire s’est refusé à tout commentaire.
Des hauts fonctionnaires d’Iran, d’une part, d’Allemagne, France et Grande-Bretagne d’autre part, ont ajourné mercredi cinq heures de négociations à Vienne sans être parvenus à un accord sur l’offre européenne de coopération nucléaire civile, y compris éventuellement un réacteur de recherche à eau légère.
Au préalable, Téhéran doit prouver qu’il ne cherche pas à se doter de l’arme atomique en commençant par s’engager à suspendre sine die les activités d’enrichissement. L’uranium hautement enrichi peut servir aussi bien à l’énergie civile qu’à la bombe nucléaire.
Un négociateur iranien a annoncé mercredi soir de nouvelles conversations en Europe.
Le Guide iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a, lui, prévenu que son pays pourrait quitter les négociations si les Européens maintiennent leurs exigences « illogiques » de suspension à long terme. Mais un délégué iranien a pourtant parlé de négociations « très constructives ».
Des analystes, interrogés sur les positions fluctuantes de la République islamique, ont estimé ces derniers jours que l’Iran pense pouvoir temporiser quelques mois entre le résultat des élections américaines et l’investiture du président, et éviter l’écueil du 25 novembre.
D’ici là des négociations intenses vont se poursuivre avec les trois grands de l’Union européenne mais le compte à rebours est commencé, estiment des sources diplomatiques.
En septembre, le conseil des gouverneurs de l’AIEA a demandé à Téhéran de s’engager à maintenir la suspension de l’enrichissement, bien que cela ne soit pas interdit par le Traité de non-prolifération, afin de rassurer la communauté internationale. Si le rapport de M. ElBaradei, prévu deux semaines avant le 25 nombre, ne confirme pas de suspension immédiate, « il y aura une tempête médiatique contre l’Iran », a estimé un diplomate sous couvert de l’anonymat.
En octobre 2003, les Iraniens avaient de façon volontaire suspendu l’enrichissement en accord avec les trois de l’UE. Mais ils se refusent à renoncer définitivement à ce droit. Au contraire, des préparatifs ont été annoncés pour des activités du cycle nucléaire y contribuant, comme la production de centrifugeuses et de gaz d’uranium.
Un expert proche de l’AIEA a indiqué jeudi que l’agence avait mis en place des équipement pour surveiller la plupart des installations d’Iran participant à l’enrichissement, y compris une pour la conversion de yellowcake, une poudre d’uranium concentré, en gaz UF6.
Le plus dur sera de contrôler si la construction dans des ateliers dans tout le pays de pièces pour les centrifugeuses à gaz qui permettent l’enrichissement est bien arrêtée, selon cet expert.
Mais, selon lui, des inspecteurs de l’AIEA s’y emploieront d’ici une semaine.
L’Iran a jusqu’à la mi-novembre pour l’arrêt de l’enrichissement uranium
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