Reuters, Téhéran, 28 décembre De Paul Hugues ISNA, lagence de presse des étudiants iraniens, a rapporté que lIran avait déclaré mercredi quils étudieraient « sérieusement et avec enthousiasme » la proposition russe visant à réduire les craintes internationales soulevées par son programme nucléaire.
Les remarques de Javad Vaïdi, numéro 2 du Conseil suprême de sécurité nationale, ont été les plus positives entendues jusquà maintenant de la part dun haut responsable de Téhéran sur loffre de Moscou de créer une entreprise commune avec lIran pour lenrichissement de son uranium en Russie.
La proposition russe bénéficie du soutien des États-Unis et de lUnion Européenne.
Cela vise à soulager linquiétude internationale que lIran pourrait fabriquer des bombes atomiques à partir duranium hautement enrichi, après avoir caché aux inspecteurs de lONU son programme nucléaire pendant 18 ans jusquen 2003.
LIran prétend vouloir uniquement purifier luranium à un stade moins élevé pour être utilisé dans les centrales électriques.
La proposition russe « sera examinée sérieusement et avec enthousiasme », a déclaré Vaïdi à ISNA.
« La proposition russe pourrait remettre en vigueur certaines règles laissées en suspens du Traité de Non-prolifération nucléaire relatives au transfert de technologie pour les pays qui nont pas accès à cette technologie et ainsi rompre le monopole scientifique dans ce domaine. »
Des négociations entre lIran et les « 3 Européens » (la Grande-Bretagne, lAllemagne et la France) sur une solution diplomatique aux tensions grandissantes provoquées par les ambitions nucléaires de Téhéran ont repris à Vienne ce mois-ci après quatre mois darrêt et devraient avoir lieu en janvier.
Auparavant, lIran voyait la proposition russe dun très mauvais oeil, affirmant quils naccepteraient aucun plan leur interdisant de mener à bien sur son propre sol le cycle du combustible nucléaire complet, dont lenrichissement.
Mais les diplomates européens et les experts en contrôle darmes ont remarqué que Téhéran avait arrêté brusquement de refuser catégoriquement le projet, ce qui pourrait affaiblir lopposition russe aux efforts européens et américains pour renvoyer lIran devant le Conseil de Sécurité de lONU pour déventuelles sanctions.
Ceux-ci prétendent que lIran veut probablement faire traîner les discussions au sujet de la proposition russe pour gagner du temps et du soutien.
Face aux remarques de Vaïdi, un diplomate des 3 Européens a déclaré quelles ne constituaient pas une avancée capitale dans le processus.
« Il semble considérer loffre comme une chance pour les scientifiques iraniens de se rendre dans un troisième pays pour apprendre des choses. Ce nest pas notre intention de transmettre à lIran du savoir-faire sur les étapes sensibles de lenrichissement. Notre idée est de satisfaire aux besoins commerciaux en énergie de lIran », a affirmé le diplomate qui a demandé à rester anonyme car il nest pas autorisé à parler aux médias.
Les responsables américains et européens espèrent que le fait denrichir luranium iranien en Russie réduira les chances de détournement du programme pour le développement darmes.
« LIran essaie peut-être de gagner du temps puisquils savent très bien quil serait contre-productif de rejeter catégoriquement loffre russe avant le 18 janvier », a déclaré le diplomate en référence à la date proposée pour la prochaine série de négociations.
« LIran pourrait se présenter aux négociations avec une proposition différente au sujet dune entreprise commune en Iran avec la participation de la Russie. »
Parlant sur un ton moins sévère que dautres responsables iraniens récemment, Vaïdi a déclaré que la proposition russe serait étudiée dans le cadre dun accord existant avec Moscou sur la fourniture duranium enrichi pour le premier réacteur atomique de lIran à Bouchehr qui doit être mis en service fin 2006.
« La nouvelle proposition pourrait être examinée et ses dimensions économiques, techniques et scientifiques clarifiées. Le degré de participation de lIran dans ce projet sera un facteur important », a-t-il dit.
« Quelque soit la signification de la proposition russe, elle ne signifie pas que lIran sera privé de ses droits. »
(article rédigé en collaboration avec Mark Heinrich à Vienne)