AFP, New York (Nations unies), 21 mars Par Hervé COUTURIER Le Conseil de sécurité de l’Onu a reporté une séance de consultations formelles qu’il avait prévue mardi sur le nucléaire iranien, pour se donner le temps de surmonter des désaccords sur le texte d’une déclaration franco-britannique, ont indiqué les diplomates.
« Nous avons demandé un report des consultations, pas pour réviser le texte mais pour poursuivre des discussions informelles sous différentes configurations », a déclaré à la presse l’ambassadeur britannique à l’Onu, Emyr Jones Parry.
Il a précisé que lui et son homologue français, Jean-Marc de La Sablière, estimaient inutile d’amender leur projet de texte sans une bonne perspective d’accord. « S’il n’y a pas la perspective d’un accord, nous n’amenderons pas le texte », a-t-il dit.
Auparavant, un diplomate occidental, qui avait requis l’anonymat, avait indiqué que le report des consultations avait été décidé pour laisser le temps à la France et à la Grande-Bretagne de rédiger une nouvelle version du texte actuellement en débat au Conseil, qui tienne compte des objections de la Russie et de la Chine.
« Les Russes veulent un texte plus général, qui ne fasse pas référence aux menaces à la paix et à la sécurité internationale » constituées par le programme nucléaire iranien, avait-il indiqué.
En langage onusien, une référence explicite à de telles menaces impliquerait de facto que le Conseil pourrait envisager des sanctions.
Le Conseil tente en vain depuis près de deux semaines de se mettre d’accord sur ce projet de texte, qui doit exiger de l’Iran qu’il se conforme aux demandes de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et abandonne toute activité liée à l’enrichissement d’uranium.
Le Conseil avait prévu de l’examiner de nouveau au lendemain d’une réunion infructueuse, lundi à New York, entre hauts responsables diplomatiques de ses cinq membres permanents (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) et de l’Allemagne. Cette réunion n’avait débouché sur aucun consensus, que ce soit sur ce texte, ou sur une stratégie pour la suite au cas où Téhéran n’obtempérerait pas.
L’Allemagne était présente car c’est l’un des trois pays européens – avec la France et la Grande-Bretagne – à avoir négocié sans succès durant trois ans au sein de la Troïka européenne (UE3) avec Téhéran sur le dossier nucléaire iranien.
« Nous avons jugé que la méthode la plus efficace était de revenir aux consultations informelles, bilatérales ou en petits groupes, de recueillir l’opinion des autres gouvernements et de faire le point après les discussions d’hier soir », a déclaré l’ambassadeur américain, John Bolton.
« C’est juste une manière différente d’avancer », a dit M. Bolton, ajoutant qu’il s’attendait à une réunion formelle du Conseil « dans les deux jours qui viennent ».
Le texte en discussion doit en principe être une déclaration du président du Conseil, non contraignante, mais dont l’adoption exige l’unanimité de ses quinze membres.
Bien qu’affichant leur unanimité sur l’objectif – empêcher l’Iran de devenir une puissance nucléaire militaire – les Occidentaux d’une part, la Russie et la Chine de l’autre, divergent fondamentalement sur le rôle que doit jouer le Conseil de sécurité dans cette crise.
Les Occidentaux souhaitent faire jouer un rôle central au Conseil et conçoivent le texte actuellement en discussion comme la première étape d’une réponse graduelle du Conseil au défi nucléaire iranien.
A l’inverse, la Russie et la Chine insistent pour limiter le Conseil à un rôle d’appui de l’AIEA. Elles ont réitéré mardi leurs positions.