The Times, 22 mars par Richard Beeston, Rédacteur en chef diplomatique La Grande-Bretagne fait pression pour quune résolution des Nations Unies soit adoptée, ouvrant la voie pour des sanctions punitives et même lusage de la force si lIran refusait de mettre fin à son programme nucléaire controversé.
Dans une lettre confidentielle que sest procurée The Times, un haut diplomate britannique a mis en avant une stratégie pour gagner le soutien de la Russie et de la Chine avant le début de lété pour la « résolution du Chapitre VII » exigeant de lIran la fin de ses activités nucléaires.
Si le gouvernement de Téhéran refusait de se soumettre à cette résolution, le Conseil de Sécurité de lONU serait légalement obligé de la faire appliquer.
Cette stratégie marque un durcissement significatif de la position du gouvernement. Elle contraste avec la déclaration publique de Jack Straw, ministre des Affaires Etrangères britannique, faite ce mois-ci. Le 13 mars, il a insisté sur le fait quune action militaire était «inconcevable » et que le conflit avec lIran « devait être résolu par des moyens démocratiques pacifiques ».
La lettre confidentielle a été écrite seulement trois jours plus tard par John Sawers, directeur politique au Bureau des Affaires Etrangères et du Commonwealth, puis envoyée à ses homologues américain, français et allemand.
« Ils (les Iraniens) doivent savoir que des mesures plus sérieuses sont susceptibles dêtre prises », a écrit M. Sawers dans une lettre divulguée par Associated Press. « Ce qui implique dagir en vertu du Chapitre VII pour ce qui est du dossier iranien. »
Il a proposé de faire de la suspension de toutes les activités denrichissement de lIran « une condition obligatoire du Conseil de Sécurité dans une résolution que nous voudrions voir adoptée début mai, selon moi ».
Mark Fitzpatrick, expert en prolifération nucléaire à lInstitut international des études stratégiques, a déclaré quobtenir une résolution du Chapitre VII fournirait à la communauté internationale un « bâton » quelle pourrait utiliser contre lIran. « Ce serait une étape décisive », a-t-il dit. « Elle ouvrirait la voie pour des sanctions et dautres mesures. »
Cependant, avant de brandir ce bâton, M. Sawers propose que la communauté internationale donne à lIran une dernière chance sous la forme dune « offre révisée » de mesures incitatives comme solution qui sauve la face lui permettant de revenir sur sa position de manière pacifique.
Cette diplomatie à deux voies a été imaginée par les Britanniques afin de parvenir à un compromis entre les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité : lAmérique, la Chine, la Grande-Bretagne, la France et la Russie.
Les Etats-Unis voudraient avoir directement recours à une résolution ferme qui sanctionnerait lIran sil ne mettait pas fin à son programme nucléaire. La Russie et la Chine, qui ont toutes deux des liens commerciaux importants avec lIran, sont en faveur dune approche plus lente et moins agressive menée par lAgence Internationale de lEnergie Atomique, organe de surveillance nucléaire.
« Nous nallons pas amener les Russes et les Chinois à accepter des sanctions importantes dans les mois à venir, certainement pas sans de plus amples efforts pour que les Iraniens changent davis », a écrit M. Sawers.
« En plus dapprouver une nouvelle proposition, nous voulons également que la Russie et la Chine sengagent à donner leur aval pour dautres mesures décidées par le Conseil de Sécurité dans le cas où les Iraniens ne sengageaient pas de manière positive », a-t-il écrit.
Mais linitiative britannique nest pour linstant pas parvenue à réconcilier toutes les parties. Lundi, M. Sawers a participé à des négociations aux Nations Unies entre les cinq membres permanents et lAllemagne qui ne se sont terminés sur aucun accord.
Les USA ont refusé de prendre des mesures qui récompenseraient lIran ou qui feraient baisser la pression sur le régime. La Russie, qui a passé des contrats représentant des milliards pour fournir à lIran la technologie nucléaire civile et des armes sophistiquées, et la Chine, qui a aussi passé des accords de plusieurs milliards pour limportation de pétrole et de gaz iraniens, ont rejeté toute tentative susceptible de mener à une action punitive. Hier, des discussions complémentaires à lONU ont été reportées.
M. Sawers a anticipé ces obstacles dans sa lettre. « Je pense quune réunion à un niveau ministériel sera nécessaire afin de parvenir à un accord sur ce type dapproche, dont une résolution du Chapitre VII », a-t-il écrit.
Néanmoins, la communauté internationale devra saccorder si elle espère stopper les travaux denrichissement duranium de lIran, qui ont repris en février à Natanz.