Les opposants au régime des mollahs accusent l’Iran de tenter de se doter d’armes nucléaires.
Par Jean-Dominique MERCHET
L’Iran possède une installation nucléaire militaire dont l’existence était jusqu’à présent cachée à la communauté internationale, affirment les opposants au régime des mollahs. Ils y voient une nouvelle preuve du fait que l’Iran tente de se doter d’un armement nucléaire, en violation de ses engagements.
Selon des informations du Conseil national de la résistance iranienne, les Moudjahidin du peuple, obtenues par Libération, le Centre de préparation et de technologies avancées de la défense serait un laboratoire de recherches, installé dans d’anciennes casernes, à Lavizan, dans la région de Téhéran. La découverte de ce site arrive alors que l’Iran vient d’accepter la proposition européenne de suspendre ses activités d’enrichissement de l’uranium.
L’institut de Lavizan aurait repris les activités du site de Shiyan, dont les installations ont été rasées en 2003 avant que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ne puisse les inspecter. «Ce centre abrite des activités de recherches militaires qui échappent au contrôle de l’AIEA», affirment, sans plus de détails, les Moudjahidin du peuple. Ce centre est dirigé par Mohsen Fakhrizade, un physicien de 43 ans, membre des Gardiens de la révolution.
Invérifiable de manière indépendante, cette information en provenance de la principale opposition armée au régime des mollahs peut cependant être prise au sérieux. A plusieurs reprises, le Conseil national de la résistance iranienne a en effet révélé l’existence de sites secrets. Ainsi, en août 2002, les usines de Natanz et d’Arak avaient jusqu’alors échappé à la vigilance de l’AIEA et des services de renseignements occidentaux.
Pour les Moudjahidin du peuple, l’annonce de l’existence de ce site constitue la réponse du berger à la bergère. Lundi, trois pays européens (France, Allemagne, Royaume-Uni) ont conclu un accord avec Téhéran. En échange d’une «suspension» de l’enrichissement de l’uranium, la République islamique a obtenu que les Européens «confirment leur détermination à combattre le terrorisme, y compris les activités de groupes comme les Moudjahidin». C’est un «marchandage immoral», réagissent ceux-ci, qualifiant l’engagement iranien de «grande supercherie».
Si la diplomatie française parle d’«étape importante» vers le «rétablissement de la confiance», les autorités iraniennes ont apporté, dès hier, un sérieux bémol à leur engagement. «La suspension de l’enrichissement continuera tant que les négociations iront dans un sens positif, mais, si elles sont dans l’impasse, nous n’aurons plus d’obligations et la suspension cessera», a indiqué Hassan Rohani, responsable du programme nucléaire. «Nous nous en sommes tenus à notre ligne rouge (qui) était de ne pas accepter d’arrêter l’enrichissement, mais de le suspendre», a expliqué le ministère des Affaires étrangères iranien.