AFP : 17 novembre – Le président iranien Mohammad Khatami a lancé mercredi une mise en garde aux pays européens en affirmant que la poursuite de la suspension des activités d’enrichissement d’uranium dépendait des progrès dans les négociations à propos de son dossier nucléaire.
« Nous n’avons pas fixé de date (pour la durée de la suspension). Auparavant, nous voulions une période maximale de six mois. Mais maintenant, il y aura des comités de travail qui seront crées et si le résultat est positif, (la suspension) pourra continuer », a déclaré M. Khatami à la sortie du conseil des ministres.
« Nous avons accepté volontairement la suspension. Nous n’avons pas parlé de cinq ou six mois, mais si l’autre partie ne respecte pas ses engagements, nous n’avons pas d’obligations pour respecter les nôtres », a-t-il dit.
Lundi, l’Iran a indiqué qu’il accepterait de suspendre ses activités d’enrichissement d’uranium le temps de négocier avec Londres, Paris et Berlin un accord garantissant la nature civile du nucléaire iranien. En contrepartie, les Européens s’engagent à ouvrir en décembre les discussions pour un accord de coopération nucléaire, technologique et commerciale.
L’accord est intervenu juste avant une réunion le 25 novembre de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Dans une lettre au directeur de l’agence, l’Iran a annoncé que la suspension serait effective à partir du 22 novembre et engloberait la fabrication et l’assemblage des centrifugeuses et les activités de conversion d’uranium, étape préalable à l’enrichissement.
« La première étape est le conseil des gouverneurs de l’AIEA, le 25 novembre. Je conseilles aux Européens et au Conseil des gouverneurs de faire un premier pas positif (pour) répondre au geste de confiance et de bonne volonté de l’Iran », a encore déclaré M. Khatami.
Le président iranien a défendu l’accord avec les Européens, en affirmant qu’il allait « dans le sens des intérêts nationaux de l’Iran ».
« Dans cet accord, les pays européens ont reconnu notre droit (à l’enrichissement de l’uranium et au cycle du combustible nucléaire) et nous ne renoncerons jamais à ce droit », a déclaré M. Khatami, ajoutant que cette reconnaissance était « une grande victoire pour l’Iran ».
« Nous donnerons trois mois aux experts nucléaires des deux parties. Si les groupes de travail parviennent à un accord (sur un mécanisme garantissant que le cycle du combustible ne va pas vers la fabrication de l’arme nucléaire) alors la suspension n’aurait plus sa raison d’être maintenue », a déclaré à la télévision d’Etat Hossein Moussavian, l’un des principaux négociateurs sur le dossier nucléaire.
« S’ils disent que la seule garantie probante serait de suspendre carrément l’enrichissement, l’Iran ne l’accepterait pas », a-t-il ajouté.
« Au bout de trois ou quatre mois, nous pourrons nous faire une idée générale » sur les négociations, a-t-il affirmé.
La décision de l’Iran de suspendre l’enrichissement rend peu probable l’envoi par l’AIEA du dossier iranien au Conseil de sécurité des Nations unies, comme le voudrait Washington.
Aux termes de l’accord, l’Iran et l’UE devront mettre en place trois groupes de travail et entamer la discussion à la mi-décembre sur un accord à long terme qui fournira des « garanties » que l’Iran ne cherche pas à produire l’arme atomique.
Le second groupe de travail se penchera sur la coopération politique et sécuritaire alors que le troisième examinera la coopération économique entre l’Iran et l’Europe.
Mercredi, les députés conservateurs majoritaires au parlement ont publié une déclaration affirmant que si les Européens échouaient à aider l’Iran pour normaliser le dossier iranien à l’AIEA, ils « utiliseront alors le droit légal pour obliger le gouvernement à reprendre immédiatement ses activités d’enrichissement d’uranium ».