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L’obscure piste du nucléaire

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The Washington Times, 29 mars – De Tsotne Bakuria – En 1995, l’ancien président iranien Ali Hachemi Rafsandjani a fait un voyage discret dans un pays voisin, la Georgie. Il a passé plusieurs heures à Tbilisi, la capitale, puis au lieu de rentrer en Iran, s’est rendu secrètement dans la région séparatiste d’Adjara afin de rendre visite au président Aslan Abachidze.

L’objet de ce détour n’était pas de visiter l’agréable station balnéaire touristique jonchée de palmiers de Batumi située au bord de la mer Noire. Son objectif était plus sinistre.

Le président iranien cherchait sur le marché noir des fournisseurs de produits chimiques pour enrichir de l’uranium et fabriquer la bombe nucléaire. Il a trouvé un associé volontaire en ce chef militaire de troisième ordre qui a promis de l’aider pour une somme d’argent inconnue. En réalité, M. Abashidze, qui a été plus tard expulsé du pouvoir en 2004, lui a offert ses importants contacts en Russie, ainsi que des avions privés d’Adjara afin de livrer secrètement les composants nécessaires en Iran.

L’affaire a été conclue

En 1998 et 2001, M. Abashidze a en fait envoyé deux avions à Téhéran afin d’établir des contacts commerciaux avec Téhéran. Puis il s’est arrangé pour que quatre scientifiques russes se rendent en Iran. La première escale était Batumi. Les Russes, dotés de faux passeports, le poignet menotté à de coûteux attachés-cases en cuir remplis de documents qui serviront au programme d’enrichissement d’uranium iranien, ont été envoyés en Iran sur ordre de M. Abashidze afin d’aider le gouvernement à produire la bombe.

Plus tôt, en juin 1997, deux Pakistanais, présentés à M. Abashidze en tant que médecins lauréats du prix Nobel, sont restés à Batumi pendant trois mois sous sécurité rapprochée. Leurs gardes du corps ont été remarqués dans les rues de la ville. Les cortèges de voitures se faisaient entendre en passant sous les lampadaires de la ville. Il s’est avéré qu’il s’agissait d’employés de A. Q. Khan, père du programme nucléaire pakistanais et considéré comme un héro national.

M. Abashidze a offert aux Pakistanais son avion privé pour se rendre à Ispahan, en Iran. L’avion est retourné à Batumi chargé de cartons remplis d’argent que les gardes du corps de M. Abashidze ont placés dans leurs Hummers et livrés au palais résidentiel de M. Abashidze.

Lorsque Mikhail Saakashvili a pris le pouvoir en Georgie après la Révolution Rose, les relations entre la Georgie et Adjara se sont rapidement détériorées.

M. Abashidze était considéré comme un dictateur impitoyable, et selon un éminent homme d’Etat américain « le laquais des cocos ».

Un agréable soir de printemps de mai 2004, des groupes de manifestants ont pris d’assaut la résidence du président à Batumi, réclamant la démission de M. Abashidze. Plusieurs facteurs
ont mené à son évincement : on le suspectait par exemple d’avoir puisé dans le budget d’Adjara et d’avoir caché d’importantes sommes d’argent en dehors du pays, et aussi des lettres personnelles de la part de dirigeants iraniens concernant le marché sur l’uranium. Lorsque sa secrétaire a protesté à ce moment tardif, disant qu’il n’y avait plus de temps pour rassembler toute sa correspondance, M. Abashidze a répondu qu’il avait uniquement besoin des lettres écrites en farsi. Elle s’est plainte, selon les témoins, et il lui a fallu plus d’une heure pour rassembler tous les documents privés.

Un avion a décollé de Moscou pour aller le chercher. Il est parti avec ses gardes du corps, son fils et les preuves compromettants de son marché avec les Iraniens. Il vit actuellement à Moscou dans le luxe (avec un faux passeport, il a en effet peur de voyager) et mène une vie de milliardaire protégé par le non moins corrompu maire de Moscou, Yuri Lushkov, un allié proche qui méprise l’Amérique. Néanmoins, M. Abashidze vient d’acheter une maison à Vienne pour 5 millions de dollars, où réside son fils (un dealer de drogue et playboy bien connu).

Il n’est pas certain que quiconque au Kremlin, en particulier le président Vladimir Poutine, sache ce que M. Abashidze fabrique. En réalité, j’ai connu M. Abashidze de 2001 à 2003. Des rumeurs circulaient sur son rôle dans l’enrichissement de l’uranium iranien, mais on ne pouvait rien prouver à l’époque. Nous savions que M. Abashidze détestait M. Poutine en raison de ses positions politiques modérées, et qu’il était un ami loyal de l’Iran. Lorsque des « musiciens » d’Adjara (en réalité divers scientifiques et chimistes) sont allés en Iran pour promouvoir la « culture » d’Adjara (quelle qu’elle soit), le président iranien Mohammad Khatami a assisté aux spectacles, qui ne mettaient bizarrement en scène aucun instrument de musique. Le président iranien a remercié publiquement M. Abashidze, et son petit fief, pour son aide apportée au développement de la « science iranienne », ce qui ne voulait dire qu’une seule chose : la bombe.

L’Amérique et les alliés européens sont désormais forcés d’accepter le fait que l’Iran a obtenu de l’aide de la part de pays extérieurs, dont la Russie, ce qui doit sûrement écoeurer le président Poutine. Comment peut-il gérer une telle crise internationale ? La secrétaire d’Etat Condoleezza Rice et le président Bush jurent de saper la détermination de l’Iran, avec l’aide de M. Poutine.

Il y a plusieurs formes de terroristes. Pareil pour les dictateurs. Avide d’argent et apparemment vulnérable, M. Abashidze a vu l’opportunité et l’a saisie, sans se préoccuper des conséquences.

La clé du mystère sur la façon dont l’Iran s’est procuré les produits chimiques pour enrichir de l’uranium est détenue par M. Abashidze, personnage peu connu, désormais sous la protection de ses puissants amis à Moscou. Il fait l’objet d’une enquête pour meurtre et blanchiment d’argent, mais jusqu’à maintenant les autorités internationales ont peu de preuves tangibles de son rôle dans le programme nucléaire iranien. Il n’est qu’un post-scriptum dans l’histoire du terrorisme, mais si l’Iran parvenait à fabriquer la bombe nucléaire, M. Abashidze, de son âme sinistre, pourra se vanter le jour où l’Iran décidera de détoner un champignon atomique meurtrier contre ses ennemis. Des innocents vont mourir. Et M. Abashidze va dormir dans ses draps de soie.

Et lorsque M. Lushkov ne sera plus au pouvoir, M. Lushkov (connu sous le nom de « Babu » ou grand-père, pour ses fidèles) pourra toujours fuir Moscou et trouver refuge en Iran en tant que citoyen d’honneur du pays.

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Tsotne Bakuria est un ancien membre du parlement géorgien et professeur associé à l’Elliot School of International Affairs de l’Université George Washington.

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