Le Monde: 18 novembre – L’opposition iranienne en exil à Vienne avait accusé l’Iran, jeudi 18 novembre, de posséder un site d’enrichissement d’uranium sur son sol et de mener des programmes secrets indépendamment des civils en vue de la mise au point de l’arme atomique.
Un haut responsable du nucléaire iranien a démenti, jeudi 18 novembre, les allégations d’un groupe de l’opposition iranienne sur l’existence d’activités nucléaires sur un site secret à Téhéran, et a indiqué que l’Iran pourrait répondre favorablement à une demande d’inspection de ce site.
« Je démens totalement ces allégations. L’Iran n’a aucun site ou matériel nucléaires non déclarés », a déclaré Hossein Moussavian, porte-parole de l’équipe de négociateurs sur le dossier nucléaire iranien.
« Nous avons remis un rapport de 1 030 pages à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) dans lequel nous avons déclaré tous les sites et tout le matériel nucléaires que nous possédons ».
A la question de savoir si l’Iran autoriserait les inspecteurs de l’AIEA à visiter ce site, M. Moussavian a affirmé que Téhéran « avait toujours répondu positivement aux demandes d’inspection de l’Agence et avait toujours coopéré mais il n’est pas bon pour l’AIEA de se faire manipuler par un groupe terroriste connu ».
PROGRAMMES SECRETS
Selon l’opposition iranienne à Vienne, l’Iran dispose d’une usine secrète d’enrichissement d’uranium et a pour objectif d’avoir la bombe atomique l’an prochain, a affirmé, mercredi 18 novembre. Farid Soleimani, haut responsable du Conseil national de la résistance en Iran (CNRI, Moudjahidines du peuple) a déclaré que les militaires iraniens disposent au nord-est de Téhéran d’un site d’enrichissement « dirigé par Mohsen Fakhri-Zadeh, l’un des plus éminents savants nucléaires du régime ».
« Le site est dénommé Centre pour le développement de la technologie de défense avancée », a-t-il précisé.
D’après lui, Abdul Qadeer Khan, le père de la bombe atomique pakistanaise, a fourni en 2001 de l’uranium hautement enrichi de qualité militaire à l’Iran, qui cherche à avoir l’arme nucléaire en 2005. « Khan a fourni une certaine quantité d’UHE à l’Iran en 2001 », a-t-il affirmé. Les militaires iraniens mènent des programmes secrets indépendamment des civils en Iran et se sont fixé 2005 « comme date cible pour avoir la bombe », a-t-il encore dit.
Ces accusations ont été lancées par le CNRI alors que l’Iran vient de s’engager à suspendre toutes ses activités d’enrichissement d’uranium à partir du 22 novembre en échange de promesses de coopération de trois pays de l’Union européenne (Allemagne, France, Grande-Bretagne).
Le 25 novembre, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) doit une nouvelle fois examiner la nature du nucléaire iranien, les Etats-Unis accusant Téhéran de vouloir mettre au point l’arme atomique sous couvert d’un programme civil.
Il y a deux ans, le CNRI avait révélé l’existence du site de Natanz situé à 250 km au sud de Téhéran et où 164 centrifugeuses sophistiquées pour l’enrichissement d’uranium ont été découvertes. Le site, entré en opération à la fin de l’été, a depuis été inspecté par l’AIEA.
Contactée mercredi à son siège de Vienne, l’agence de sûreté nucléaire des Nations unies a indiqué suivre « toutes les pistes solides », sans autre commentaire sur les accusations de l’opposition iranienne. « Ce type d’accusation est lancé avant chaque session de l’AIEA », a par ailleurs indiqué un diplomate occidental proche de l’Agence.
Pour David Albright, président de l’Institut pour la science et la sécurité internationale de Washington, ces accusations sont « très difficiles à vérifier ». « Mais elles semblent établir un lien entre un programme d’armes nucléaires et les militaires » iraniens, a-t-il ajouté.
LE PAKISTAN DÉMENT
Par ailleurs à Islamabad, le Pakistan a démenti mercredi les affirmations du CNRI assurant que Abdul Qadeer Khan avait livré de l’uranium enrichi à l’Iran.
« Ceci est un rapport hautement exagéré. Quelqu’un a laissé courir son imagination », a indiqué un membre du gouvernement après les accusations lancées à Vienne.
Selon le responsable pakistanais, Islamabad a partagé avec la communauté internationale les résultats de ses enquêtes sur les exportations illégales de technologie nucléaire, révélées en février par M. Khan qui avait admis avoir transmis du matériel sensible à l’Iran, la Corée du Nord et la Libye.