AFP, Le Caire, 19 avril – Le président français Jacques Chirac a jugé « inacceptable » que l’Iran se dote de l’arme nucléaire mais a laissé la porte ouverte à la reprise des discussions avec Téhéran, dans une interview au quotidien égyptien Al Ahram publiée mercredi.
Les dirigeants iraniens « doivent comprendre que, pour la communauté internationale, la perspective d’un Iran militairement nucléarisé est inacceptable », a-t-il dit dans cet entretien publié à l’occasion de sa visite officielle de deux jours en Egypte.
« Je le dis avec force: la porte reste ouverte à une reprise des discussions, dès lors que l’Iran se conforme aux demandes de l’AIEA et du Conseil de sécurité » de l’Onu, a estimé le président français qui a souligné que « plus que jamais le choix est dans les mains des dirigeants iraniens ».
L’Iran, soupçonné par les Occidentaux de vouloir acquérir la bombe atomique, refuse de suspendre ses activités d’enrichissement d’uranium en dépit des pressions des grandes puissances.
Le Conseil de sécurité a demandé à l’Iran de suspendre ses activités d’enrichissement d’ici au 28 avril.
Le président Chirac s’en tient pour le moment à l’option diplomatique pour tenter de faire fléchir Téhéran alors que le président américain George W. Bush n’a exclu mardi aucune option, y compris militaire.
Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) et l’Allemagne se sont réunis mardi à Moscou pour examiner les mesures à prendre face aux ambitions iraniennes, mais ne sont pas parvenus à un accord, a annoncé un porte-parole du Département d’Etat à Washington.
M. Chirac a réaffirmé « le droit légitime » de l’Iran à l’énergie nucléaire civile mais à la condition que ce pays donne des « garanties objectives du caractère pacifique de son programme ».
« Or l’AIEA a constaté que ses activités nucléaires avaient été conduites dans la dissimulation. Par ailleurs, l’Iran poursuit un programme de missiles inquiétant », a affirmé le président français.
Le dossier nucléaire iranien sera un des principaux sujets au menu des discussions que M. Chirac devait avoir mercredi avec le président égyptien Hosni Moubarak.
L’Egypte préconise une solution diplomatique à cette crise mais s’inquiète parallèlement du fait qu’Israël refuse de signer le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP). L’Etat hébreu possèderait quelque 200 ogives nucléaires, selon des experts.
M. Chirac déclare partager avec M. Moubarak « sa conviction » que l’instauration d’une zone exempte d’armes de destruction massive et de leurs vecteurs constituerait un progrès pour la paix et la stabilité dans la région ».