Le Monde : 23 novembre – Le président américain a salué l’annonce par l’Iran de la suspension de ses activités d’enrichissement d’uranium, mais attend désormais « avec impatience » la « vérification » de cet engagement.
Le président américain, George W. Bush, a salué, lundi 22 novembre, l’annonce par l’Iran de la suspension de ses activités d’enrichissement d’uranium, tout en réclamant une « vérification » de cet engagement. « Il semble qu’il y ait quelque progrès, mais pour pouvoir déterminer si le progrès est réel ou non, il doit y avoir vérification », a déclaré le président américain lors d’une conférence de presse commune à Cartagena (nord de la Colombie) avec son homologue colombien, Alvaro Uribe. « Nous attendons avec impatience de voir cette vérification », a-t-il ajouté.
« J’espère que c’est vrai », a encore dit M. Bush, soulignant qu’une « vérification aiderait à gagner la confiance de ceux (…) qui s’inquiètent du fait que l’Iran développe une arme nucléaire ». Les Etats-Unis et la République islamique n’ont plus de relations diplomatiques depuis 1980. Washington accuse Téhéran de chercher à se doter de l’arme atomique, de soutenir le terrorisme international et de s’ingérer dans les affaires intérieures irakiennes. L’Iran dément ces accusations et dénonce régulièrement l’embargo qui lui est imposé par Washington.
« Il ne s’agit pas seulement des Etats-Unis, mais aussi de la France, de la Grande-Bretagne et de l’Allemagne, ainsi que d’autres nations dans le monde, qui comprennent les dangers » que cela représente, a affirmé M. Bush.
A Washington, le porte-parole adjoint du département d’Etat, Adam Ereli, a mis en doute l’annonce faite par Téhéran, indiquant attendre le rapport final sur cette question de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
« C’est une situation déjà vue dans le passé, lorsque l’Iran a déclaré qu’il suspendait (l’enrichissement), avant de revenir sur ses engagements. Notre intérêt porte de toute évidence non pas sur ce qu’ils disent mais sur ce qu’ils font réellement », a déclaré M. Ereli. « J’attendrai les conclusions des inspecteurs, qui seront présentées au Conseil des gouverneurs par le secrétaire général », Mohamed ElBaradei, a ajouté le porte-parole.
UNE « CONVERSATION POLIE » ENTRE COLIN POWELL ET KAMAL KHARAZI
L’Iran a annoncé, lundi 22 novembre, la suspension totale de l’enrichissement d’uranium, comme il s’y était engagé, satisfaisant une attente primordiale de la communauté internationale, à trois jours d’une délicate réunion de l’AIEA.
« Nous respectons toujours nos engagements et, conformément à l’accord (avec les Européens), nous commençons la suspension aujourd’hui », a déclaré le porte-parole du gouvernement iranien, Abdollah Ramezanzadeh.
« La suspension de l’enrichissement entre en vigueur aujourd’hui, conformément à l’accord avec les Européens » (Allemagne, France, Grande-Bretagne), a affirmé la télévision d’Etat iranienne.
Le secrétaire d’Etat américain, Colin Powell, a confirmé, mardi 23 novembre, avoir eu lundi soir une « conversation polie » avec le ministre des affaires étrangères iranien, Kamal Kharazi, à Charm el-Cheikh (Egypte), où se tient une conférence internationale sur l’Irak.
Interrogé à sa sortie d’une rencontre avec le chef de la diplomatie saoudienne, le prince Saoud Al-Fayçal, sur ses échanges avec M. Kharazi la veille, M. Powell a répondu qu’il avait eu une « conversation polie », sans donner plus de détails. Un membre de la délégation américaine à Charm el-Cheikh avait déclaré, lundi soir, que MM. Powell et Kharazi s’étaient retrouvés assis l’un à côté de l’autre lors d’un dîner offert aux participants par l’Egypte, hôte de la conférence.
Le porte-parole du ministère des affaires étrangères iranien, Hamid Reza Assefi, a affirmé mardi 23 novembre depuis Charm el-Cheikh qu’aucune négociation n’avait eu lieu entre les chefs de la diplomatie iranienne et américaine, qui ont estimé qu’une telle négociation était inutile.
« Aucune négociation n’a eu lieu entre le ministre des affaires étrangères iranien et le secrétaire d’Etat américain », a déclaré M. Assefi, qui accompagne Kamal Kharazi à la conférence internationale sur l’Irak, a rapporté l’agence officielle IRNA. « Lors de la cérémonie, les deux ministres avaient été placés non loin l’un de l’autre », a expliqué M. Assefi. « Comme nous l’avons dit auparavant, à cause de l’attitude et de la politique erronée des Etats-Unis (à l’égard de l’Iran), toute négociation est inutile et n’est pas à l’ordre du jour », a ajouté M. Assefi.