Le Figaro, 8 mai Propos recueillis par Pierre Rousselin
– Qu’attendez-vous de la réunion du Conseil de sécurité ce soir à New York sur le dossier du nucléaire iranien ?
Philippe DOUSTE-BLAZY. Le mois dernier, le Conseil de sécurité a invité l’Iran à répondre dans un délai de trente jours aux questions de l’AIEA et à suspendre ses activités d’enrichissement. Non seulement l’Iran n’a pas répondu aux questions, mais il a accéléré son programme d’enrichissement. Face à cette attitude, le Conseil de sécurité doit envoyer un signal d’unité et de fermeté pour convaincre l’Iran de revenir à la table des négociations.
– Quel est l’objectif recherché ?
La résolution du Conseil de sécurité doit renforcer l’autorité de l’AIEA en donnant force obliga toire à sa demande de suspension des activités liées à l’enrichis sement, y compris pour la recherche. Nous devons répondre à l’Iran de façon unie, ferme et rapide.
– Les Russes accepteront-ils que l’on évoque des sanctions en faisant référence au chapitre VII de la charte de l’ONU qui envisage éventuellement le recours à la force ?
Pour rendre obligatoire la suspension de l’enrichissement, pour marquer la gravité de la situation, une référence au chapitre VII est utile. Elle ne signifie pas, par elle-même, que le Conseil autoriserait le recours à la force. Le chapitre VII concerne les mesures que le Conseil de sécurité peut prendre «en cas de menace contre la paix». Ces dispositions sont diverses mais il ne s’agit pas, dans ce projet de résolution, de décider des mesures à prendre.
– Les États-Unis ont-ils la même interprétation ?
La réponse à l’Iran doit se faire dans l’unité, en accord avec les Américains, les Russes et les Chinois. Pour cela, le Conseil de sécurité devra décider des mesures à prendre dans une étape ultérieure, si les Iraniens n’acceptent pas d’ici là les demandes de la communauté internationale. Il doit être clair que l’ensemble du processus demeure maîtrisé par le Conseil de sécurité. C’est un point sur lequel une formule acceptable par tous doit être trouvée.
– Des sanctions sont donc remises à plus tard ?
En fonction de ce que décidera Téhéran, le Conseil de sécurité devra prendre les mesures nécessaires, qu’elles soient incitatives ou dissuasives en préservant l’unité de la communauté internationale. La porte de la négociation restera ouverte à une reprise des discussions si Téhéran répond positivement à l’AIEA.
Si la voie de l’ONU n’aboutit pas, les États-Unis pourraient rassembler une «coalition de pays volontaires» pour sanctionner l’Iran. Qu’en pensez-vous ?
Plus que jamais, nous pensons que le cadre multilatéral et la voie diplomatique offrent aujourd’hui la seule option possible.