Bloomberg LIran veut attendre encore deux mois avant de répondre à loffre de mesures avantageuses de lUnion Européenne visant à encourager la République islamique à stopper son programme denrichissement duranium, daprès les commentaires du président iranien Mahmoud Ahmadinejad.
« Nous allons examiner les propositions daprès notre droit légitime et, si Dieu le veut, nous allons donner notre opinion sur ces propositions avant la fin de Mordad », le mois iranien se terminant le 22 août, a annoncé aujourdhui Ahmadinejad dans un discours à ses partisans dans la province dHamedan, dont les images ont été diffusées en direct à la télévision nationale.
Cest « horriblement long » pour une réponse, a répondu le président des Etats-Unis, George W. Bush, lors dune conférence de presse aujourdhui après avoir rencontré les leaders de lUE à Vienne. « Cela ne devrait pas prendre aussi longtemps aux Iraniens pour analyser une offre raisonnable. »
Tandis quaucun délai précis na été imposé à lIran pour répondre à loffre, Bush a déclaré le 9 juin que lIran disposait « de plusieurs semaines, non de plusieurs mois » pour décider de suspendre ou non ses activités denrichissement nucléaire de manière vérifiable afin déviter une action du Conseil de Sécurité des Nations Unies.
Ce retard va probablement intensifier les tensions en Amérique et en Union Européenne, qui ont accusé lIran dessayer de gagner du temps dans les négociations. Autrement, cela pourrait donner aux dirigeants iraniens en faveur dun compromis avec lOccident plus de temps pour convaincre les autres, selon Bernard Hourcade, directeur des études sur lIran au Centre national pour la recherche scientifique en France.
« Ce qui importe, cest de trouver une solution durable. Beaucoup de gens en Iran sont fermement opposés à toute ouverture sur lOccident. Ils auraient saboté la décision dAhmadinejad sils avaient accepté loffre de lUE aujourdhui », a affirmé Hourcade dans une interview téléphonique depuis Paris. « Si la décision est bien étudiée, il y a gros à parier quun consensus va émerger. »
LE CONSEIL DE SECURITE
Le 8 mars, lorgane de surveillance nucléaire de lONU a renvoyé lIran devant le Conseil de Sécurité après trois années dinspections de lagence qui ne sont pas parvenues à déterminer si les travaux atomiques de lIran étaient pacifiques ou non. En novembre 2003, lAgence internationale de lEnergie atomique a reproché à lIran davoir dissimulé certaines parties de son programme nucléaire pendant 18 ans.
LIran a réduit sa coopération avec les inspecteurs de lagence atomique de lONU depuis que loffre a été faite, ont fait remarquer des diplomates de lUE la semaine dernière.
LIran a redémarré lenrichissement duranium le 6 juin, jour où les mesures incitatives commerciales et économiques ont été présentées à Téhéran, selon lorgane de surveillance nucléaire de lONU.
Ce projet de mesures avantageuses a été approuvé le 1er juin par les diplomates des cinq membres permanents du Conseil de Sécurité de lONU (les Etats-Unis, la Chine, la Russie, le Royaume-Uni et la France) ainsi que par lAllemagne. Chacun des membres permanents détient un pouvoir de veto sur les résolutions du conseil.
Ahmadinejad a déclaré aujourdhui que lIran accepterait « des pourparlers sur un pied dégalité, justes et sans condition préalable ».
LENRICHISSEMENT DURANIUM
Les USA et lUE désirent que lIran suspende lenrichissement duranium avant les négociations sur le paquet. LIran poursuit actuellement son programme denrichissement duranium en défiant la pression internationale et une résolution non obligatoire de lONU.
Le 19 juin, Bush a menacé dune « action » du Conseil de Sécurité de lONU dans le cas où lIran rejetait loffre de lUE.
« Nous espérons quils accepteront notre offre et quils suspendront volontairement leurs activités pour que nous puissions travailler sur un accord qui apportera à lIran de vrais avantages », a dit le président américain ce jour-là. « Si les dirigeants iraniens rejettent notre offre, une action devant le Conseil de Sécurité sen suivra, ainsi quune isolation plus importante du pays et des sanctions politiques et économiques progressivement plus sévères », a déclaré Bush.
« Je pense que nous ne devrions pas jouer avec le temps », a affirmé le chancelier autrichien Wolfgang Schuessel lors dune conférence de presse aujourdhui aux côtés de Bush à Vienne. « Nous en avons discuté pendant des mois et des mois. Cest le moment opportun pour lIran de prendre cette offre, de la saisir et de négocier. Cest bien équilibré. »
LAPPEL DE BUSH
Aujourdhui, Bush a répété que lIran devait être privé de la « capacité » de développer larme nucléaire et quil devait suspendre son programme denrichissement pour que les Etats-Unis puissent se joindre à des négociations directes. « Nous espérons quils vont voir le sérieux de nos intentions », a dit Bush.
Loffre propose également la création dun groupe international afin de fournir à lIran de la technologie sophistiquée de réacteur à eau légère, a déclaré un haut responsable américain connaissant le contenu de loffre. Un partenariat énergétique a été évoqué, contenant la promesse daider lIran à moderniser ses industries de pétrole et de gaz, selon le haut responsable, qui a demandé à rester anonyme.
LIran affirme que lenrichissement a pour but de produire de lélectricité, en accord avec le Traité de Non-prolifération nucléaire auquel il est signataire. Les dirigeants iraniens ont nié les allégations américaines selon lesquelles ils développent des armes, en violation de laccord. Lenrichissement duranium peut servir à alimenter un réacteur atomique ou bien à former le cur dune bombe. Les USA accusent lIran de vouloir fabriquer une bombe atomique.