Associated Press, Vienne, Autriche De George Jahn Un haut émissaire iranien a brusquement annoncé mercredi que les ultimes négociations sur le programme nucléaire controversé de son pays avaient été annulées, rapprochant un peu plus Téhéran vers des sanctions de lONU après que le pays ait ignoré lultimatum pour le gel de lenrichissement duranium.
Les pourparlers étaient prévus à lorigine pour mercredi à Vienne dans le but ultime de constater sil existe des motifs communs dentamer des négociations chez lIran et les six nations qui tentent de le persuader de limiter son programme nucléaire.
Mais alors que Javier Solana était prêt à senvoler pour la capitale autrichienne, les pourparlers sont restés en suspens en raison de lincertitude quant à la venue du négociateur nucléaire iranien, Ali Larijani.
« La réunion aujourdhui à Vienne naura pas lieu », a annoncé à The Associated Press Ali Ashgar Soltanieh, ambassadeur iranien auprès de lAgence internationale de lEnergie atomique. « Les deux camps sont en train dorganiser (une réunion) devant avoir lieu dans deux jours. »
Le bureau de Solana à Bruxelles na fait aucun commentaire immédiat. Mais bien que Soltanieh affirme que la décision de reporter la réunion a été prise en commun, il semblerait que le manque de volonté de la part de lIran ait fait disparaître les chances de réunion mercredi.
A Ankara, en Turquie, le secrétaire général de lONU, Kofi Annan, dont la visite à Téhéran la semaine dernière na pas réussi à ébranler la volonté du gouvernement de ne pas abandonner lenrichissement, a recommandé à lIran « de faire tout son possible pour rassurer la communauté internationale sur ses intentions pacifiques ».
Soltanieh a affirmé qu « un problème de procédure » était à lorigine de ce report, mais na donné aucun détail. A Téhéran, le ministre des Affaires étrangères, Manoucher Mottaki, a affirmé que seuls la date et le lieu dune réunion continuaient de faire « lobjet de discussions des deux côtés ».
LIran na pas respecté la date butoir du 31 août fixée par le Conseil de Sécurité de lONU pour le gel de lenrichissement duranium.
Toutefois, les cinq membres permanents du conseil et lAllemagne (les six puissances qui tentent dattirer lIran à la table des négociations au sujet de son programme nucléaire) ont décidé dattendre pour démarrer le processus de sanctions jusquau dénouement des négociations entre Solana et Larijani.
Les hauts négociateurs de ces six pays doivent se rencontrer jeudi à Berlin afin de se mettre daccord sur la stratégie à appliquer.
La position inflexible de lIran semble reposer sur lhypothèse selon laquelle la Chine et la Russie, toutes deux membres du Conseil de Sécurité ayant pouvoir de veto et bénéficiant de liens commerciaux importants avec lIran, vont sopposer à des sanctions. Bien que sceptiques à lidée quune nouvelle réunion entre Solana et Larijani soit couronnée de succès, les Etats-Unis et ses principaux alliés européens, la Grande-Bretagne et la France, se sont mis daccord pour attendre le résultat de ces pourparlers avant de tenter de persuader Moscou et Pékin.
Cependant, lIran campant sur sa position intransigeante, même la Russie semble envisager la possibilité de sanctions, bien que les commentaires du ministre des Affaires étrangères Sergey Lavrov indiquent que Moscou continue de sopposer à toute action punitive rapide et sévère.
« Nous allons décider de nous servir ou non de ces mesures de façon complexe mais guidés par un seul objectif : empêcher la prolifération darmes de destruction massive », aurait déclaré Lavrov selon lagence de presse Interfax. « Nous sommes également conscients que la pression économique doit être proportionnelle à la menace réelle à la paix et à la sécurité. »
Lavrov sest adressé à la presse depuis Johannesburg, en Afrique du Sud, où il accompagnait le président Vladimir Poutine en visite officielle.
Il a déclaré que la résolution récente du Conseil de Sécurité de lONU sur lIran maintenait la possibilité de mesures supplémentaires contre lIran, dont celles décrites dans lArticle 41 de la Charte de lONU. Larticle prévoit des sanctions nincluant pas lusage de la force armée, telles que des pénalités économiques, linterdiction de voyager ou la rupture des relations diplomatiques.
A Pékin, le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, a affirmé que des sanctions « pouvaient même savérer contreproductives ».
Mais les hauts responsables américains des deux côtés de lAtlantique ont suggéré que le temps était venu pour une action punitive du Conseil de Sécurité.
Le porte-parole du département dEtat, Sean McCormack, a déclaré à Washington que le Conseil de Sécurité avait bien fait comprendre dans la résolution quil était prêt à voter en faveur de sanctions si lIran refusait de respecter la date butoir du 31 août pour suspendre lenrichissement.
Ainsi, McCormack a affirmé mardi que les Etats-Unis avaient lintention de « suivre cette voie ».
A Vienne, Gregory L. Schulte, ambassadeur américain auprès de lAIEA, a accusé les dirigeants iraniens de prendre « une décision stratégique afin dacquérir des armes nucléaires », ajoutant : « le temps est venu pour le Conseil de Sécurité de soutenir la diplomatie internationale avec des sanctions internationales ».
LIran insiste sur son droit à lenrichissement pour la génération dénergie nucléaire. Mais les suspicions grandissent autour de lidée que le pays veuille développer la technologie de lenrichissement duranium dans le but de créer la matière fissile constituant le cur des têtes nucléaires.
Dans un acte de défi de la part de Téhéran, le parlement iranien a fait un premier pas mardi vers linterruption des inspections internationales des sites nucléaires du pays dans le cas où des sanctions de lONU étaient mises en uvre. Cette mesure nécessite lapprobation dautres organismes avant quelle ne prenne effet.