AFP, Vienne, 14 septembre – L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a vivement protesté contre la diffusion de fausses informations sur le programme nucléaire iranien par une commission du Congrès américain, dans un courrier que s’est procuré l’AFP jeudi.
Un rapport daté du 23 août de la Commission permanente du renseignement de la Chambre des représentants présentant l’Iran comme une menace stratégique « contient des informations erronées, trompeuses et non-étayées », selon cette lettre.
Ce rapport affirme, toujours selon l’AIEA, que l’Iran enrichit de l’uranium de qualité militaire alors que les inspections de l’autorité nucléaire de l’ONU ont établi que Téhéran n’enrichissait qu’à 3,6%, bien en-deçà des 90% requis pour fabriquer des armes atomiques.
La lettre proteste également « vivement contre l’assertion incorrecte et trompeuse (selon laquelle) le directeur général de l’AIEA aurait décidé de muter (le Belge Chris) Charlier », un inspecteur chevronné de l’agence, pour « n’avoir pas respecté une règle non écrite de l’AIEA interdisant de dire toute la vérité sur le programme nucléaire iranien ».
La lettre, signée par le directeur des relations extérieures de l’AIEA Vilmos Cserveny, qualifie d' »outrageante et malhonnête » cette allégation.
Des responsables de l’agence ont indiqué à l’AFP que cet expert était toujours responsable des inspections pour l’Iran et que s’il n’était pas retourné dans ce pays, c’était en raison de l’hostilité de Téhéran, qui a la latitude de délivrer ou non les accréditations.
La porte-parole de l’AIEA, Melissa Fleming, a indiqué que l’agence avait écrit cette lettre à la Chambre des représentants afin de « remettre les choses à plat concernant les faits, d’autant que dans cette affaire l’intégrité de l’AIEA a été mise en cause ». « Il fallait réagir », a-t-elle souligné.
Selon un diplomate occidental, ces fausses informations « donnent une impression de déjà vu avec l’Irak ».
En 2003, en raison de l’absence de preuve, l’AIEA avait pris ses distances d’avec des assertions américaines selon lesquelles le régime de Saddam Hussein aurait disposé d’armes de destruction massive.
Washington avait par la suite accusé le directeur général de l’AIEA, Mohamed ElBaradei, de faire preuve de trop de prudence dans ses inspections en Iran et avait tenté en vain d’empêcher le futur Prix Nobel de la paix 2005 d’être réélu pour un troisième mandat à la tête de l’agence.
Les relations entre le gouvernement du président américain George W. Bush et l’AIEA se sont toutefois progressivement améliorées depuis que Condoleezza Rice est secrétaire d’Etat.
Selon un diplomate proche de l’AIEA, le rapport de la commission américaine représente « un essai, de la part des tenants de la ligne dure, de saper la position de Mme Rice, laquelle souhaite éviter la confrontation et tenter de travailler avec les Européens pour trouver une issue négociée » au dossier iranien.