AFP, New York (Nations Unies), 21 septembre – Les grandes puissances souhaitent une réponse d’ici au début octobre de l’Iran sur une reprise des négociations sur son programme nucléaire et une suspension de ses activités sensibles, a-t-on appris de source diplomatique mercredi en marge de l’Assemblée générale de l’ONU.
« Début octobre, la première semaine, il doit y avoir des résultats », a indiqué un haut diplomate français, sous couvert de l’anonymat. Si cette « échéance » est dépassée, « ce sera la 1696 », a-t-il dit, se référant à la résolution du Conseil de sécurité ouvrant la voie à de possibles sanctions contre Téhéran.
Mardi soir, un haut responsable du département d’Etat américain avait déjà indiqué, sous couvert de l’anonymat, qu’une nouvelle date butoir avait été décidée, sans dire laquelle.
« Le temps presse », a déclaré mercredi le président américain George W. Bush dans un entretien à CNN. « Je crains que l’Iran ne cherche à gagner du temps ».
Sans donner de date précise, plusieurs responsables français et américains ont laissé entendre que le temps serait compté pour Téhéran.
Le ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, a souligné devant des journalistes que « nous devons avoir une réponse assez rapide des Iraniens » car cela « commence maintenant à devenir urgent ».
La secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, pour sa part est restée évasive mercredi. « Je ne vais pas parler de date butoir, je veux parler en termes de processus », a-t-elle affirmé.
Le sous-secrétaire d’Etat américain, Nicholas Burns, a toutefois prévenu mardi soir que « les choses ne doivent pas durer indéfiniment, et nous allons bientôt avoir besoin d’une réponse sans équivoque de la part du gouvernement iranien ».
Le président français, Jacques Chirac, s’était refusé mardi à fixer une échéance à l’Iran, soupçonné d’avoir des visées militaires sous couvert d’un programme officiellement civil.
Mme Rice a toutefois conjugué marques de souplesse et d’impatience dans la soirée de mardi, lors d’un dîner à New York avec ses homologues des autres cinq grandes puissances impliquées dans la recherche d’une issue à la crise (Russie, Chine, France, Grande-Bretagne, Allemagne), plus l’Italie.
Elle a accepté de donner du temps aux Européens pour discuter avec Téhéran et de reporter une fois encore les sanctions en faveur desquelles Washington fait campagne depuis des mois.
Mais, selon un diplomate, elle a aussi fait savoir que la patience américaine avait des limites, l’Iran ayant déjà largement dépassé l’échéance du 31 août pour arrêter son programme d’enrichissement d’uranium, conformément à la résolution 1696.
« Nous avons pensé tous ensemble qu’il fallait d’un côté éviter la confrontation et tout faire pour le dialogue (…) et d’autre part éviter que les Iraniens, à force d’aller de réunion en réunion, finissent par gagner du temps et en définitive nous mettent devant le fait accompli », a dit M. Douste-Blazy.
Le ministre français, qui a rencontré mercredi son homologue iranien Manouchehr Mottaki à New York, a rappelé la proposition de compromis de M. Chirac pour faire redémarrer des négociations.
M. Chirac propose aux Iraniens de s’entendre sur une « double suspension » dès le démarrage des négociations: suspension de l’enrichissement d’uranium par l’Iran d’une part, gel des démarches pour obtenir des sanctions de l’ONU d’autre part.
« La proposition du président Chirac est reprise, me semble-t-il, par la plupart de la communauté internationale. C’est sur cela que nous devons travailler », a assuré M. Douste-Blazy.
Téhéran a annoncé de son côté que son principal négociateur sur ce dossier, Ali Larijani, rencontrerait le Haut représentant diplomatique de l’Union européenne, Javier Solana, la semaine prochaine dans une capitale européenne.