IranNucléaireL'Iran, observateur intéressé de la crise nucléaire coréenne

L’Iran, observateur intéressé de la crise nucléaire coréenne

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Le Figaro, 16 octobre – La République islamique tiendra compte de la rigueur avec laquelle les sanctions contre la Corée du Nord seront appliquées.

Pas une déclaration officielle, ni une once de réaction. Pour éviter d’augmenter les soupçons de la communauté internationale à l’égard de son propre dossier, la République islamique s’est jusqu’ici gardée de réagir à l’essai nucléaire nord-coréen. Mais elle observe de près les réactions du Conseil de sécurité, qui influenceront, d’après les analystes, le cours de sa démarche à venir. « Si les démarches du Conseil de sécurité sont trop molles, alors les Iraniens pourront se dire que rien de grave ne les attend et qu’ils peuvent aller de l’avant », commente Mohammad Reza Djalili, professeur à l’Institut universitaire des hautes études internationales de Genève.

Une semaine après l’annonce par la Corée du Nord de son essai nucléaire, l’ONU a voté, ce week-end, des sanctions à l’encontre du régime de Pyongyang. Reste à voir, maintenant, avec quel sérieux ces mesures concrètes seront appliquées. « L’Iran suit de près les répercussions internationales de la démarche coréenne avant de prendre une nouvelle décision atomique », remarque, sous couvert de l’anonymat, un spécialiste de la question, contacté à Téhéran.

Techniquement parlant, le programme nucléaire iranien, même s’il suscite beaucoup d’interrogations, semble, d’après les experts, encore loin du niveau d’avancée de la Corée du Nord. À l’inverse de Pyongyang, Téhéran a également toujours nié vouloir se doter de la bombe atomique. Et joue là dessus pour se défendre. « L’Iran et la Corée du Nord ont toujours parcouru deux chemins séparés », insiste Ali Khorram, spécialiste iranien des relations internationales. « Téhéran précise qu’elle veut se doter de l’énergie nucléaire dans un but pacifique pour produire de l’électricité, alors que la Corée n’a jamais tenu secrète son intention de se doter d’armes atomiques », dit-il.

Il est pourtant difficile de dissocier complètement les deux pays. Les experts en la question rappellent que Téhéran et Pyongyang entretiennent une coopération étroite dans le domaine des missiles. La Corée du Nord a vendu sa technologie balistique à l’Iran et au Pakistan. Le Pakistan, quant à lui, a vendu sa technologie nucléaire à la Corée du Nord et à l’Iran. C’est au nom de tous ces constats que la communauté internationale semble décidée, après deux ans de négociations ratées, à sévir à l’égard de l’Iran, qui refuse de suspendre l’enrichissement de son uranium, – un procédé pouvant mener à la fabrication d’une bombe.

LA CHINE ET LA RUSSIE SERONT PEUT-ETRE PLUS SEVERES

Après l’échec des discussions de la dernière chance entre Javier Solana, le haut représentant de l’UE pour la politique extérieure, et Ali Larijani, le négociateur principal dans le dossier nucléaire iranien, les discussions sur des actions contre Téhéran viennent d’être sérieusement relancées au Conseil de sécurité de l’ONU. « Il y a un large accord de la part des Six sur l’opportunité maintenant de voir le Conseil de sécurité des Nations unies adopter des mesures visant les programmes balistiques et nucléaires iraniens », déclarait, vendredi, à la presse, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Mattéi. La forme de ces sanctions continue, néanmoins, à diviser les différents pays.

Mais l’effet Pyongyang pourrait bien finir par convaincre la Russie et la Chine, jusqu’ici peu favorables aux sanctions, de considérer avec moins de mansuétude la République islamique. À Téhéran, les observateurs en sont conscients. « Le cas coréen ne va pas avoir d’effets constructifs sur le cas iranien », constate le sociologue iranien Abbas Abdi sur son site Internet (www.ayande.ir). « Il va probablement affaiblir la résistance de la Chine et de la Russie à des mesures sévères contre l’Iran », note-t-il.

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