IranNucléaireNucléaire : Téhéran souffle le chaud et le froid

Nucléaire : Téhéran souffle le chaud et le froid

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Le Figaro, 26 février – Par Delphine Minoui – Alors que les membres du Conseil de sécurité se réunissent aujourd’hui à Londres pour étudier le dossier iranien, Téhéran règle ses comptes avec les États-Unis et tend une nouvelle perche à la France en libérant Stéphane Lherbier.

La guerre ou le dialogue sans condition avec les États-Unis. Alors que les membres du Conseil de sécurité se réunissent aujourd’hui à Londres pour examiner le dossier iranien, et envisager des sanctions renforcées, Téhéran campe sur son refus de suspendre ses activités nucléaires, tout en réglant ses comptes avec Washington. « Nous nous sommes préparés pour faire face à toutes les situations, y compris s’il y a une guerre », déclarait hier le vice-ministre des Affaires étrangères, Manouchehr Mohammadi, à l’agence de presse IRNA. Tout en ajoutant : « Nous avons toujours dit être prêts à des négociations sans conditions avec les États-Unis mais ils ne l’ont pas accepté jusque-là ».

Vu de Téhéran, les dernières déclarations menaçantes de Dick Cheney n’ont fait que renforcer la rhétorique va-t-en guerre d’une partie de la classe politique iranienne. A commencer par le président Ahmadinejad qui rappelait, hier, que le programme nucléaire iranien était irréversible. « L’Iran maîtrise la technologie de la production du combustible nucléaire. C’est un train qui est en marche et n’a plus de frein de marche arrière car l’année dernière nous les avons arrachés et jetés », a-t-il déclaré.

L’avant-veille, le vice-président américain avait rappelé à trois reprises, lors d’un entretien avec la chaîne ABC, qu’il n’écartait « aucune option ». Coïncidence ou message de fermeté, la télévision iranienne annonçait également hier l’envoi, couronné de succès, de la première fusée iranienne dans l’espace. « L’objectif de cette fusée, qui atteint une altitude maximale de 150 km, est d’aider au progrès scientifique et à la recherche », a précisé Ali Akbar Golrou, l’adjoint du chef du Centre de recherche aérospatiale, selon l’agence Fars.

PUISSSANCE REGIONALE INCONTOURNABLE

Sur fond de tension avec l’Occident, ce geste peut être perçu comme un pas supplémentaire de Téhéran pour s’affirmer comme une puissance régionale incontournable. En parallèle, l’Iran ne manque pas une occasion pour rappeler que le coût d’une attaque serait très lourd pour l’Amérique. « Si les installations nucléaires iraniennes sont attaquées, on assistera à une explosion régionale. Les populations de Bahreïn, d’Afghanistan, d’Irak du Koweït et d’autres pays pourraient s’attaquer aux intérêts américains », prévenait récemment Mohammad Nabi Roudaki, membre de la commission parlementaire en charge de la sécurité nationale et des affaires étrangères. Avant de préciser : « L’Iran dispose de nombreuses capacités, – sous-entendu de nuisance -. Par exemple, l’Iran peut bloquer les exportations de pétrole dans le Golfe persique ».

Messages provocateurs, certes, mais qui s’accompagnent également de signaux plus modérés. Si Téhéran semble se braquer, ses dirigeants sont loin d’avoir fermé la porte des négociations. En témoigne la récente « sortie » d’Ali Velayati, le conseiller diplomatique du guide suprême, clef de voûte du régime, et de nature habituellement très discret.

Lors de récents entretiens ac-cordés à deux journaux européens, il affirmait la volonté de l’Iran de continuer à négocier « sans exclusion », appelait l’opinion internationale à ne pas s’arrêter aux slogans agressifs de certains diri- geants, tout en tendant une perche à l’Europe, lui suggérant de se distinguer de la position américaine. Roland Dumas, l’ancien ministre français des Affaires étrangères, arrivé ce week-end en Iran sur son invitation, s’est empressé de répondre présent à l’appel. Mais que cherche Téhéran ? Obtenir une reconnaissance que refuse de lui accorder Washington ? Ou tenter de diviser les pays membres du Conseil de sécurité ? Face aux menaces croissantes, la République islamique étudie, en tout cas, toutes les options.

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