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L’Iran profite de la crise pour accélérer son programme nucléaire

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Le Figaro, 3 avril – Maurin Picard – Et si l’affaire des marins britanniques était destinée, pour le régime islamique, à détourner l’attention des avancées nucléaires de Téhéran ? Vu de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), à Vienne, cette tactique semble pour le moment couronnée de succès. Téhéran vient de notifier à l’agence en charge de la lutte antiprolifération qu’elle ne serait plus informée par avance des projets de développement de ses installations nucléaires.

Cette mesure de rétorsion après le vote de la résolution 1747 du Conseil de sécurité des Nations unies, prévoyant un renforcement des sanctions à l’encontre de Téhéran, était certes attendue. L’AIEA a aussitôt répliqué, priant instamment Téhéran de « revenir sur (sa) décision » et de l’autoriser à installer des caméras de vidéosurveillance sur le site de Natanz, où près de 1 000 centrifugeuses, sur les 3 000 prévues, oeuvreraient à produire de l’uranium enrichi à échelle industrielle. De quoi alimenter à terme en combustible des centrales nucléaires, quoique non encore sorties de terre, mais aussi des ogives nucléaires.

Cette décision de cacher ses ambitions nucléaires, rappelle l’AIEA, viole ouvertement un règlement de l’AIEA adopté en 1992, selon lequel tout pays membre doit communiquer par avance sur ses projets d’installations nucléaires, pour permettre une « application efficace des mesures de protection ». Elle pourrait déboucher sur une session extraordinaire du conseil des gouverneurs, l’organe exécutif de l’agence.

GUERRE DES NERFS

Dans une lettre adressée au directeur général de l’AIEA, Mohammed ElBaradei, l’ambassadeur iranien auprès des Nations unies à Vienne, Ali Asghar Soltanieh, justifie cette mesure en arguant que l’Iran a eu vent de « fuites inappropriées » émanant de l’agence et se trouve « dans l’obligation » de protéger ses infrastructures face à une éventuelle attaque d’Israël et des États-Unis. « Tant que de telles menaces de frappes militaires subsisteront, écrit Soltanieh, l’Iran n’a d’autre choix que de préserver sa sécurité à tout prix. »

Cette guerre des nerfs se poursuit depuis le début des inspections en territoire iranien, en février 2003. Les rapports successifs de Mohammed ElBaradei n’ont jamais manqué de relever « le manque regrettable de coopération » de Téhéran à l’encontre des inspecteurs, confrontés à des harcèlements administratifs, des dissimulations de documents suspects ou à l’escamotage de pièces compromettantes. À la suite d’une première série de sanctions, votées le 23 décembre dernier dans le cadre de la résolution 1737 du Conseil de sécurité, l’Iran avait déjà refusé le 22 janvier de renouveler le visa de trente-huit inspecteurs de l’AIEA, tous ressortissants de pays occidentaux.

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