Reuters, Ankara, 26 avril – L’Iran et l’Union européenne se rapprochent d’une « concordance de vues » dans certains domaines aux entretiens d’Ankara visant à sortir de l’impasse sur la question du nucléaire iranien, déclare Ali Larijani, principal négociateur de Téhéran sur le dossier.
Javier Solana, porte-parole de la diplomatie européenne, a jugé que ces discussions étaient constructives et se déroulaient dans une bonne atmosphère, même si aucune « grande avancée » n’est à attendre.
Larijani et Solana se sont exprimés lors d’une conférence de presse dans la capitale turque dans la matinée, avant la reprise de leurs discussions entamées mercredi soir. Ils devaient conclure leur rencontre dans la journée et se donner rendez-vous dans deux semaines afin de poursuivre le dialogue.
Larijani, par ailleurs chef du Conseil de sécurité iranien, et Solana n’ont donné aucune précision sur leurs entretiens, les premiers depuis deux mois et donc depuis l’adoption, en mars, de la deuxième résolution du Conseil de sécurité de l’Onu condamnant la poursuite du programme iranien d’enrichissement d’uranium.
On ignore de ce fait s’ils ont trouvé une base de compromis sur le point essentiel du contentieux entre l’Iran et les puissances occidentales, à savoir le refus de Téhéran de suspendre ses activités d’enrichissement de l’uranium.
L’Iran et les puissances occidentales, estiment certains diplomates et analystes, pourraient accepter une suspension partielle de l’enrichissement, dans le cadre d’inspections de l’Onu, afin de sortir le dossier de l’impasse. Pour l’heure, les deux parties ont publiquement démenti une telle hypothèse.
Larijani et Solana ont laissé entendre aux journalistes que des progrès avaient été réalisés pour tenter de prendre en compte l’aspiration de Téhéran à se doter d’un secteur nucléaire civil tout en apaisant la peur des puissances occidentales de voir Téhéran fabriquer secrètement des bombes atomiques.
MENACES DE TÉHÉRAN
« Je crois que dans certains secteurs, nous sommes proches d’une concordance de vues. Il s’ensuit que la meilleure méthode consiste à régler toutes les questions par des négociations fondées sur le droit et les règles internationales », a dit Larijani.
« Les inspections de l’Agence internationale de l’énergie atomique doivent se poursuivre et le Traité de non-prolifération prévaloir. Ce sont là de bons cadres favorisant la concordance de vues des deux parties », a-t-il ajouté.
« Nous avons tenté de nous comprendre mieux l’un l’autre, et cela, sans aucun doute, est un aspect primordial de la solution du problème », a dit de son côté Solana.
« Nous n’accomplissons pas de miracles, mais nous nous efforçons de faire avancer un peu le dossier », a-t-il ajouté, soulignant que les discussions d’Ankara ne constituaient qu’un travail préparatoire qui pourrait, le cas échéant, déboucher sur des négociations en bonne et due forme.
Les diplomates estiment que la clé d’une avancée serait la définition d’une forme de suspension des activités d’enrichissement susceptible d’être acceptée par les deux parties.
Parallèlement à la rencontre d’Ankara, un responsable iranien a assuré jeudi à Téhéran que la République islamique n’hésiterait pas à s’en prendre aux intérêts américains dans le monde entier et frapperait Israël si elle était attaquée en raison de son programme nucléaire.
« Aucun lieu ne serait sûr pour l’Amérique avec les missiles à longue portée (de l’Iran)… nous pouvons tirer des dizaines de milliers de missiles par jour », a dit Mohammad Baqer Zolghadr, vice-ministre de l’Intérieur chargé des questions de sécurité.
« Avec les missiles à longue portée, l’Iran peut aussi menacer Israël en tant qu’allié de l’Amérique », a-t-il ajouté.
Téhéran fait valoir que ses missiles Shahab-3, d’une portée de 2.000 km, peuvent atteindre Israël et les bases américaines dans le Golfe.