Reuters, 26 septembre – Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a déclaré mardi à la tribune des Nations unies que le dossier des ambitions nucléaires de son pays était « clos » et que la question devait désormais être traitée par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
« La totalité de nos activités nucléaires ont été totalement pacifiques et transparentes », a-t-il dit, accusant les puissances occidentales de vouloir priver l’Iran de son droit à l’énergie nucléaire.
En dépit des menaces militaires et des sanctions qu’il a qualifiées d' »illégales », la république islamique, a-t-il poursuivi, « a progressé étape par étape ».
« Aujourd’hui, notre pays est reconnu comme un pays disposant de la capacité de produire à une échelle industrielle et de maîtriser le cycle des combustibles pour un usage pacifique. »
L’Iran s’est entendu le 21 août avec l’AIEA pour faire connaître l’étendue de son programme atomique, lequel, insiste Téhéran, vise à maîtriser la technologie pour produire de l’électricité, alors même que les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, pensent que l’Iran cherche à fabriquer des armes nucléaires.
L’accord conclu avec l’AIEA permet à l’Iran de régler les questions l’une après l’autre durant une période qui, dit l’agence onusienne, court jusqu’à décembre, alors même que les Iraniens ajoutent des centrifugeuses à leur usine d’enrichissement de Natanz, se rapprochant des 3.000 nécessaires pour commencer à produire des quantités utilisables de combustible nucléaire.
Dans une interview accordée lundi à Reuters, la secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, déclarait que par le passé, Ahmadinejad avait exagéré l’ampleur des progrès réalisés par l’Iran dans les domaines de l’enrichissement et du retraitement du combustible nucléaire.
ACCUSATIONS CONTRE WASHINGTON
Ahmadinejad a jugé mardi que les pays occidentaux faisaient tout pour politiser la question du nucléaire iranien.
« Mais aujourd’hui, du fait de la résistance de la nation iranienne, la question est renvoyée à l’agence (AIEA), et j’annonce officiellement qu’à nos yeux, le dossier nucléaire de l’Iran est désormais clos et est devenu une question ordinaire relevant de l’agence ».
« Bien sûr, l’Iran a toujours été et sera prêt à avoir des discussions constructives avec toutes les parties », a-t-il ajouté.
Le Conseil de sécurité des Nations unies a exigé de l’Iran qu’il cesse ses activités d’enrichissement d’uranium et imposé deux séries de sanctions à ce pays. Les Etats-Unis et la France font pression en faveur d’une troisième série, mais la Russie et la Chine sont réticentes.
Lors d’une conférence de presse après son discours, Ahmadinejad a estimé que les efforts de Washington pour durcir les sanctions n’étaient « pas importantes ».
« Certaines grandes puissances cherchent à imposer leur volonté au Conseil de sécurité », a-t-il dit. « Nous ne pouvons pas nous attendre à ce que les droits de notre nation soient pris en compte, aussi, ce que nous trouvons juste, c’est de coopérer avec l’AIEA et de résister ».
Dans son long discours, Ahmadinejad s’en est également pris à la politique menée par le « régime sioniste illégal » (Israël) envers les Palestiniens, ainsi qu’à la présence militaire américaine en Irak. « Les occupants n’ont même pas le courage de reconnaître leur défaite et de quitter l’Irak ».
Le président iranien a dit attendre avec impatience le moment où « La Palestine et l’Irak seront libérés », où les puissances « en finiront avec leur arrogance et leur soumission à Satan » et où « L’arôme agréable de la justice se répandra à travers le monde ».
Ahmadinejad a riposté en outre à des accusations du président américain George Bush sur les violations des droits de l’homme en Iran. Faisant sans ambiguïté allusion aux Etats-Unis, il a affirmé que les droits de l’homme étaient violés par « certaines puissances » coupables d’avoir « mis sur pied des prisons secrètes, d’avoir enlevé des personnes, d’avoir organisé des procès et infligé en secret des châtiments, au mépris des procédures en vigueur ».
Washington n’avait envoyé qu’un responsable subalterne pour écouter le discours du président iranien. « Nous avons choisi d’avoir sur place une personne de rang subalterne, lors du discours du président iranien, pour lui adresser un message fort », a déclaré un porte-parole du département d’Etat.