Le Figaro, 16 novembre par Maurin Picard, à Vienne Lagence internationale de lénergie atomique (AIEA) a dévoilé hier un rapport sévère sur lIran. Très attendu, ce document de neuf pages, remis simultanément au Conseil de sécurité des Nations unies et aux États membres de lagence de Vienne en charge de la lutte contre la prolifération nucléaire, dresse un bilan de trois mois de consultations intensives menées entre lAIEA et Téhéran, dans le but de faire toute la lumière sur les activités passées et présentes du régime islamique.
Ces entretiens avaient été convenus dans le cadre dun « plan daction » prévu le 21 août dernier. «Laissez-nous jusquen novembre et nous verrons bien si les Iraniens nous ont menés en bateau», clamait alors Mohammed ElBaradei, le directeur général de lAIEA, très contesté par Washington et Tel-Aviv pour sa «pusillanimité» vis-à-vis de Téhéran.
Trois mois plus tard, lIran na pas tenu ses promesses. Sil relève les «progrès substantiels» accomplis par le régime islamique dans sa coopération avec les inspecteurs nucléaires, notamment dans la description de ses recherches sur le plutonium et les centrifugeuses, Mohammed ElBaradei regrette que celle-ci ait été «plus réactive que proactive», savouant toujours incapable de statuer sur la nature civile ou militaire du programme nucléaire iranien. Jeudi 8 novembre, à loccasion dune visite de dernière minute à Vienne, des officiels iraniens avaient apporté des plans industriels concernant le moulage de demi-sphères duranium métal, des documents que lAIEA sollicitait depuis deux ans.
«Depuis début 2006, lagence na plus reçu le type dinformations que lIran lui avait fourni jusque-là, au titre du protocole additionne l (du traité de non-prolifération, instaurant une coopération renforcée), poursuit le rapport. ( ) Dans ces conditions, la connaissance par lagence de létat actuel du programme nucléaire de lIran tend à diminuer.»
«La porte reste ouverte»
En outre, lIran na rien fait pour rétablir la confiance, en continuant denrichir luranium à Natanz, où 3 000 centrifugeuses sont désormais opérationnelles, et en poursuivant la construction à Arak dun réacteur à eau lourde. Préoccupée, lAIEA prie lIran de renouer avec lapplication du protocole additionnel «le plus tôt possible», en mettant un terme à tous ces chantiers.
Sitôt après la publication du rapport, le négociateur iranien en charge du dossier nucléaire, Saïd Jalili, a déclaré que le document enlevait toute légitimité à la saisine du Conseil de sécurité par lAIEA, mettant en avant les «progrès substantiels» accomplis par lIran.
Les États-Unis, qui dénoncent une «coopération sélective» des Iraniens, ont annoncé quils allaient aussitôt demander le vote de nouvelles sanctions économiques à lencontre de Téhéran au Conseil de sécurité. «La porte reste ouverte à une suspension des sanctions en échange de la suspension de lenrichissement ( duranium), a rappelé lambassadeur américain auprès de lAIEA, Gregory Schulte, et dun règlement négocié qui donnerait à lIran laccès à lénergie nucléaire tout en rassurant le monde sur ses intentions pacifiques.»
Cette offre de coopération technique fera lobjet dun second rapport la semaine prochaine de la part du haut représentant de lUnion européenne pour la politique étrangère et la sécurité commune, Javier Solana. LIran a catégoriquement rejeté la proposition européenne.