AFP, Washington, 4 décembre – Le président américain George W. Bush a maintenu mardi l’existence d’un danger nucléaire iranien et l’option d’un recours à la force contre la République islamique, malgré la publication d’un rapport du renseignement américain mettant en question son discours sur la menace iranienne.
« Je continue à croire profondément que l’Iran est un danger », a dit M. Bush lors d’une conférence de presse, affirmant que ce rapport ne l’avait pas fait changer d’avis sur le sujet. « L’Iran était dangereux, l’Iran est dangereux et sera dangereux » s’il a la capacité de fabriquer une arme nucléaire, a-t-il dit en faisant référence au programme iranien d’enrichissement d’uranium.
La « meilleure diplomatie » est celle avec laquelle « toutes les options sont sur la table », a-t-il dit.
M. Bush a affirmé la nécessité de maintenir la pression internationale sur la République islamique pour obtenir qu’elle suspende l’enrichissement d’uranium, en soulignant que ces activités pourraient être détournées pour produire l’arme nucléaire.
Le renseignement américain a affirmé lundi que l’Iran aurait arrêté ses plans d’armes nucléaires en 2003 et a avoué ne pas connaître ses intentions actuelles. « Nous jugeons avec un haut degré de confiance qu’à l’automne 2003, Téhéran a arrêté son programme d’armes nucléaires », dit le renseignement, qui pense que l’Iran n’a pas actuellement d’arme nucléaire.
Le rapport présenté par les 16 agences américaines du renseignement dit toutefois que l’Iran entend apparemment se réserver l’option de l’arme nucléaire, et pourrait être capable entre 2010 et 2015 de produire assez d’uranium hautement enrichi pour la bombe atomique.
La décision prise en 2003 suggère que l’Iran « est moins déterminé » à avoir l’arme nucléaire que ne le croyait le renseignement depuis 2005, estimant alors « avec un haut degré de confiance » que l’Iran était résolu à cela. « Nous ne savons pas si (l’Iran) a actuellement l’intention de développer des armes nucléaires », dit le renseignement aujourd’hui.
Le gouvernement américain a argué avec force d’une telle possibilité pour affirmer le péril et la nécessité d’augmenter la pression internationale sur l’Iran.
Mais l’opposition démocrate au président Bush s’est appuyée lundi sur ce rapport pour réclamer une « nouvelle politique envers l’Iran », selon les termes de la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi, tandis que le chef de la majorité démocrate du Sénat Harry Reid, en appelait à un « sursaut diplomatique ».
Quelques semaines après que le président Bush eut brandi le spectre d’un « holocauste nucléaire » ou d’une Troisième Guerre mondiale si l’Iran avait la bombe, l’administration est poussée à la défensive par les comparaisons défavorables avec le précédent irakien, quand elle avait invoqué à tort le danger des armes de destruction massive de Saddam Hussein.
L’enrichissement d’uranium, que l’Iran refuse de suspendre malgré deux trains de sanctions internationales et la possibilité d’un troisième, doit produire le combustible pour ses futures centrales civiles, assure le régime islamique. Mais enrichi à plus 90%, l’uranium peut aussi servir de matériau pour la bombe.