AFP, Vienne, 4 mars Par Simon Morgan – Le conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), réuni à Vienne cette semaine, a renoncé mardi à voter une résolution pour accentuer la pression sur l’Iran après l’adoption de nouvelles sanctions contre Téhéran par l’ONU.
Plusieurs gouverneurs européens parmi les 35 représentants au conseil de l’AIEA avaient élaboré un tel projet de résolution, un fait plutôt rare dans cette institution, pour contraindre Téhéran à plus de coopération sur son programme nucléaire controversé, selon des diplomates.
Face à l’opposition des représentants de la Russie, de la Chine et des pays membres du Mouvement des non-alignés (MNA), Cuba en tête, le projet a finalement été abandonné, car il serait intervenu après une troisième série de sanctions imposées la veille par le Conseil de sécurité des Nations unies à New York contre l’Iran.
Ces sanctions visent à contraindre le régime islamique à cesser ses activités nucléaires controversées.
« La décision de New York parle pour elle-même », a souligné un diplomate occidental sous couvert d’anonymat à Vienne.
Selon d’autres diplomates, l’adoption d’une telle résolution au sein de l’exécutif de l’AIEA risquait même d’être contre-productive et aurait pu fragiliser la faible coopération en place entre l’Iran et l’agence onusienne.
« Nous pensons qu’il n’y a pas besoin de résolution, selon nous cela porterait atteinte à l’environnement de coopération et de confiance entre la République islamique d’Iran et l’agence », a déclaré l’ambassadrice cubaine auprès de l’AIEA, Norma Goicochea Estenoz, présidente du Mouvement des non-alignés.
L’idée de cette éventuelle résolution de l’AIEA aurait été de pousser Téhéran à fournir des explications sur les indices d’une poursuite de ses recherches sur des armes nucléaires, contenus dans des documents présentés la semaine dernière aux gouverneurs de l’agence par plusieurs sources indépendantes.
Ces documents laissaient entendre que l’Iran était impliqué dans un projet de reconversion de l’uranium, des essais de matières hautement explosives et la modification d’un missile dans le but de pouvoir y adapter une tête nucléaire. Les informations semblaient aussi indiquer que l’Iran avait poursuivi son programme nucléaire militaire après 2003, contrairement à ce qu’avaient affirmé les agences de renseignement américaines.
Le directeur général de l’AIEA, Mohamed ElBaradei, avait déploré dans son rapport du 22 février que l’Iran ait non seulement poursuivi ses activités d’enrichissement de l’uranium, mais qu’il ait également cherché à se doter de centrifugeuses plus performantes pour ce faire.
L’uranium enrichi sert de combustible pour une centrale électrique mais peut aussi entrer dans la fabrication d’une bombe.
Téhéran, qui a qualifié mardi la nouvelle résolution de l’ONU alourdissant les sanctions économiques et commerciales contre l’Iran de « sans valeur, inacceptable et condamnable », persiste à dire que son programme nucléaire n’a pour seul but que la production d’électricité. Les Etats-Unis et leurs alliés en revanche restent persuadés que le régime islamique poursuit des objectifs militaires.
Le mouvement des pays non-alignés a, par ailleurs, souligné mardi, par la voix de l’ambassadrice cubaine, qu’il était « plus important de soutenir davantage les efforts du directeur général de l’AIEA, Mohamed ElBaradei et de l’Iran pour qu’il puisse respecter le plan de travail » convenu entre Téhéran et l’agence l’été dernier.
Ils avaient mis au point un plan d’action permettant à l’Iran de répondre aux questions de l’Agence sur certains aspects de son programme nucléaire et de faciliter les inspections d’installations sensibles.