AFP: Sur le plan technique, Téhéran peut sans difficultés pousser l’enrichissement de son uranium au-delà de 20% et jusqu’à des niveaux permettant la fabrication d’une arme nucléaire, a expliqué mardi à l’AFP un expert du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) français.
Provoquant un tollé, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a annoncé dimanche le démarrage de la production d’uranium enrichi à 20% par son pays, qui a débuté mardi selon les autorités iraniennes.
L’uranium naturel contient 99,3% d’uranium stable 238, et seulement 0,7% d’uranium 235, qui est fissile.
Les réacteurs servant à la production d’électricité utilisent des barres de combustible d’uranium enrichi de 3,5% à 5%, tandis que certains autres, à usage médical, utilisent de l’uranium enrichi jusqu’à 20%.
C’est pourquoi ce seuil a été retenu par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) dans le cadre du Traité de non-prolifération (TNP), que Téhéran a signé.
"Grâce à la technologie qu’ils maîtrisent actuellement avec des centrifugeuses d’assez faible performance, rien n’empêche d’obtenir un enrichissement supérieur jusqu’à 20%", explique Etienne Pochon, directeur sécurité et non-prolifération au CEA.
"Il est possible ensuite d’aller plus loin au prix d’un agencement des centrifugeuses, pour aller à de l’enrichissement de 60% à 90%" permettant la fabrication d’armes atomiques, a ajouté ce spécialiste.
Pour aller au-delà de 20%, "il n’y a pas d’impossibilité physique, d’une part avec les machines qu’ils ont actuellement, peu performantes d’après ce que nous pouvons extraire des rapports de l’AIEA, et aussi avec d’autres machines plus performantes sans doute en développement", poursuit l’expert.
"La seule difficulté est plus d’ordre légal que technique", car au-delà de 20%, "l’utilisation civile est à inventer", souligne ironiquement M. Pochon.
Des inspecteurs de l’Agence international de l’énergie atomique (AIEA) étaient présents mardi à l’usine de Natanz, où a débuté le processus d’enrichissement à 20%, et où le seuil d’enrichissement peut-être surveillé.
Ce qui ne serait pas le cas dans une installation secrète, comme celle découverte par les Américains fin septembre près de la ville de Qom.