IranNucléaireL'AIEA réclame plus de transparence à l'Iran

L’AIEA réclame plus de transparence à l’Iran

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Le Monde, Vienne, 3 mars – Les Européens et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), se sont joints aux Etats-Unis pour critiquer le programme nucléaire de l’Iran, tandis que Téhéran a réaffirmé son intention « irrévocable » de produire son propre combustible nucléaire et de devenir un acteur important sur « ce marché lucratif ».
« Si je dois nommer trois choses importantes que nous attendons de l’Iran, je dirais : transparence, transparence et encore plus de transparence », a déclaré, mercredi 2 mars, le chef de l’AIEA, Mohamed ElBaradei, en marge de la réunion du Conseil des gouverneurs de l’Agence. La veille, le directeur général adjoint chargé du département des garanties, Pierre Goldschmidt, avait fait, à huis clos, un compte rendu détaillé de la vérification du programme iranien. Les experts onusiens ont, certes, pu obtenir de Téhéran des documents importants sur ses contacts, dès 1987, avec le réseau du savant pakistanais Abdul Kadir Khan, qui ne laissent guère de doutes sur son désir de se doter de l’arme nucléaire au moment de la guerre Iran-Irak. Mais l’AIEA souligne les obstacles mis aujourd’hui à des « visites de transparence » sur le terrain, par lesquelles l’Iran pourrait prouver sa bonne foi.
Il refuse notamment que les inspecteurs retournent sur le site militaire de Parchine, dont ils ont pu visiter cinq bâtiments, en janvier, et où les Etats-Unis soupçonnent Téhéran de tester des explosifs destinés à une arme nucléaire.
Le chef de la délégation iranienne au Conseil des gouverneurs, Cyrus Nasseri, estime qu’accéder à cette demande ouvrirait la porte à « un processus sans fin, fondé sur des sources de renseignement peu fiables », et que son pays est en droit de limiter l’accès à ses bases militaires au moment où il se voit menacé de frappes préventives par « des pays dotés de l’arme atomique » – allusion aux Etats-Unis et à Israël. Il a aussi déploré le manque de « confidentialité » des contacts avec l’AIEA, à cause de fuites au sein de l’Agence, mais aussi parce que les conversations téléphoniques de M. ElBaradei ont été espionnées par les Américains, comme l’a révélé, fin 2004, le Washington Post. M. Nasseri a répété devant les gouverneurs que son pays est « sincère et sérieux »dans la négociation qu’il a engagée avec les « trois Européens » – l’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne. Mais pour souligner aussitôt l’intention « ferme et irrévocable » de l’Iran de produire son propre combustible nucléaire et de devenir un « acteur dans le futur sur ce marché lucratif », alors que les Européens et leurs alliés américains espèrent le convaincre, en échange d’avantages économiques, de renoncer à enrichir lui-même l’uranium.
TUNNELS DE STOCKAGE
Si les Etats-Unis envisagent d’assouplir leur attitude envers l’Iran, afin d’appuyer les efforts des Européens, cela n’était guère perceptible dans la déclaration, mercredi, à Vienne, du chef de la délégation américaine Jackie Sanders, chargée du désarmement à Genève. Mme Sanders a accusé Téhéran de « manipuler de façon cynique le régime de non-prolifération dans le but d’acquérir des armes nucléaires » et déploré une fois de plus que le dossier n’ait pas encore été transmis au Conseil de sécurité des Nations unies. En termes moins rudes, les trois Européens ont eux aussi critiqué l’Iran, pour avoir tardé à signaler à l’Agence le creusement de tunnels de stockage près de leur usine de conversion d’Ispahan. Ils lui rappellent en outre son engagement, depuis novembre 2004, à suspendre sans exception toutes les activités liées à l’enrichissement d’uranium.
En revanche, la proposition américaine de créer au sein du Conseil des gouverneurs un « comité de sauvegarde des garanties », afin d’accroître la pression sur l’Iran, n’a reçu qu’un accueil très tiède. La réunion, qui devait s’achever jeudi, a aussi renvoyé au mois de juin la décision sur un probable troisième mandat de M. ElBaradei, afin de donner à Washington le temps de faire retraite en bon ordre : malgré tous leurs efforts, les Etats-Unis n’ont en effet pas réussi à susciter une candidature alternative, ni à déstabiliser le chef de l’AIEA, qui bénéficie aujourd’hui du soutien, affiché ou non, de la quasi-totalité des pays membre de l’Agence.
Joëlle Stolz

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