AFP, Ispahan, 16 mars – Le président iranien Mohammad Khatami a déclaré mercredi à Ispahan (centre) qu’aucune contrepartie ne convaincra la République islamique de renoncer définitivement à l’enrichissement de l’uranium.
« Aucune contrepartie ne nous fera abandonner notre technologie nucléaire », a déclaré le président lors d’une conférence de presse en marge d’une réunion des ministres du Pétrole de l’Opep.
« Nous ne pouvons nous en remettre à d’autres (qu’à nous-mêmes) pour la fourniture d’un combustible dont nous pourrions nous retrouver privés sous n’importe quel prétexte », a-t-il déclaré une semaine avant une importante réunion de négociations nucléaires avec les Européens.
Les Européens négocient depuis décembre pour tenter d’obtenir des Iraniens des « garanties objectives » qu’ils ne fabriquent pas la bombe atomique. La meilleure assurance, pour l’Union européenne, est que l’Iran renonce de manière permanente à l’enrichissement. L’uranium peut, selon le taux d’enrichissement, servir de combustible pour des centrales civiles, mais aussi entrer dans la fabrication de l’arme nucléaire.
Ils ont offert aux Iraniens, pour les convaincre, une coopération nucléaire, technologique et commerciale et un dialogue politique et de sécurité.
Le dirigeant iranien en charge du nucléaire, Hassan Rohani, a déclaré mercredi que le refus iranien de renoncer à l’enrichissement était « définitif ».
Au cours des négociations, « nous avons donné les garanties objectives » réclamées par les Européens, « et c’est à l’Europe de nous donner des garanties fermes en ce qui concerne notre sécurité et notre développement », a dit le président Khatami.
« La suspension volontaire durera le temps des négociations, mais notre nation ne peut attendre longtemps », a-t-il ajouté. « Si les Européens insistent sur un arrêt (définitif de l’enrichissement), ils brisent notre accord ».
L’Iran a accepté fin 2004 de suspendre l’enrichissement, mais ne cesse de répéter que cela ne saurait durer plus de quelques mois.
Le président américain George W. Bush a de nouveau brandi mercredi la menace du Conseil de sécurité contre l’Iran.
Les Iraniens doivent « arrêter définitivement l’enrichissement et le retraitement d’uranium », a-t-il dit, « l’idée, c’est qu’on va au Conseil de sécurité s’ils rejettent cette proposition, j’espère qu’ils ne le feront pas ».
Les Européens ont obtenu des Américains une ouverture pour soutenir leurs efforts diplomatiques vis-à-vis de l’Iran. Ils auraient en retour pris l’engagement d’en référer au Conseil de sécurité de l’Onu si ces efforts échouaient.
« Je demande à Bush de mettre un terme à ses politiques erronées envers l’Iran et le Proche-Orient car je pense qu’une partie de la crise au Proche-Orient est due aux Etats-Unis », a dit M. Khatami. Il a de nouveau invoqué l’arsenal nucléaire israélien et le soutien américain à l’Etat hébreu, « le plus dangereux » des pays ne se conformant pas à la loi internationale.
Iraniens et Européens doivent se retrouver le 23 mars au sein d’un comité de pilotage qui devra évaluer le travail accompli et discuter de la suite à lui donner ou non.
Rien ne fera renoncer l’Iran à l’enrichissement de l’uranium (Khatami)
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