AFP: Le gouvernement belge a saisi la justice contre deux entreprises pour avoir exporté illégalement du matériel nucléaire susceptible d’être utilisé à des fins militaires vers l’Iran, soupçonné de vouloir se doter de l’arme atomique, a annoncé mercredi le ministre de l’Énergie Paul Magnette.
« Avant d’exporter du matériel nucléaire, même si ce n’est pas du matériel militaire, une entreprise doit demander une licence régionale et une autorisation fédérale. Ces deux entreprises ne l’ont pas fait et nous avons transmis le dossier au parquet pour des poursuites judiciaires », a déclaré Paul Magnette à la télévision privée RTL-TVI.
Une plainte a été déposée en 2008 par la direction générale du ministère de l’Énergie, a expliqué Marie-Isabelle Gomez, porte-parole du ministre chargé du dossier, Paul Magnette. Elle vise l’exportation de poudre de zirconium, un métal qui peut être utilisé dans la fabrication de gaines pour les combustibles des centrales nucléaires, que celles-ci aient un objectif civil (production d’électricité) ou militaire (fabrication d’armes atomiques), selon Marie-Isabelle Gomez.
« Personne ne souhaite que l’Iran puisse construire une bombe atomique »
La seconde plainte vise l’exportation à une date indéterminée d’uranium appauvri, généralement utilisé dans la fabrication d’armes pour renforcer leur capacité de perforation des blindages. L’une des entreprises visées, la société MDS Nordion, filiale belge du groupe canadien MDS Nordion, a assuré dans un communiqué s’être « toujours efforcée de respecter les prescriptions légales et réglementaires » et pense avoir agi « de manière responsable ». MDS Nordion est l’un des plus importants producteurs d’isotopes médicaux de la planète. L’identité de l’autre entreprise n’a pas été révélée. L’exportation d’uranium appauvri n’est pas soumise en Belgique à une autorisation préalable, mais les entreprises désireuses de le faire doivent néanmoins informer la commission spéciale dans le pays sur la non-prolifération des armes nucléaires (Canpan) de leur projet.
Les partis écologistes flamand et francophone (opposition) ont réclamé l’audition devant le Parlement des ministres de l’Énergie, de la Justice et des Affaires étrangères, ainsi que des représentants de la commission et de l’Agence fédérale de contrôle nucléaire. « Personne ne souhaite qu’un pays tel que l’Iran puisse un jour construire une bombe atomique », a déclaré dans un communiqué le député écologiste Olivier Deleuze, en jugeant « important que l’on puisse répondre aux interrogations qui subsistent ». « C’est une question de crédibilité pour la Belgique », a-t-il ajouté.