L’Est Républicain: L’ancien chef d’état-major des armées des États-Unis (1997-2001), Hugh Shelton, appelle son pays à prendre ses responsabilités et les Occidentaux à former une coalition.
Un an après que le scénario fut envisagé, les États-Unis auraient-ils dû intervenir militairement en Syrie, notamment au côté de la France ?
« Je pense que la communauté internationale, notamment les États-Unis, aurait dû agir en Syrie quand la dictature d’Assad a commencé le génocide. À cette époque, il n’y avait pas encore d’extrémistes en Syrie. Or, alors que la communauté internationale n’a pas réagi, le régime iranien, à travers sa Force Qods (forces spéciales des gardiens de la Révolution, NDLR), et le Hezbollah s’y sont précipités pour aider Assad. »
Est-ce inquiétant d’entendre de Barack Obama qu’il n’a pas de stratégie en Syrie ?
« Oui, c’est très inquiétant. Nous avons besoin d’une politique globale pour la Syrie. Je pense que le principal problème est le manque d’une politique cohérente et ferme envers l’Iran. Nous ne pouvons pas essayer de nous rapprocher de l’Iran et en même temps avoir une politique forte concernant la Syrie. Ils sont trop interconnectés. »
Le paradoxe fait qu’en Irak, États-Unis et Iran ont un intérêt commun : stopper l’avancée de l’État islamique…
« Certes, mais une collaboration serait une erreur stratégique et une recette pour le désastre. Le régime iranien est le cœur du problème en Irak et de toute la région, il ne fait pas partie d’une solution. C’est une politique qui a déjà échoué. Les États-Unis se sont efforcés d’engager l’Iran de façon constructive en Irak, mais cela a été contre-productif. Le régime iranien a subi un coup stratégique majeur en Irak. Maintenant, il tente désespérément de regagner son influence perdue. Par conséquent, non seulement il ne faut pas coopérer avec l’Iran, mais je crois que tous les efforts doivent maintenant se concentrer pour expulser complètement l’Iran de l’Irak. »
Le succès passe-t-il au final, par une véritable coalition des puissances occidentales ?
« Je suis entièrement d’accord avec la formation d’une telle coalition. Je crois en effet que nous devons former une alliance avec nos partenaires dans la région contre la Syrie et ses alliés, à savoir le régime iranien et le Hezbollah. »
Quel est l’impact, sur l’opinion américaine, de la décapitation du journaliste James Folley ?
« De toute évidence, cette scène est choquante et scandaleuse. Cependant, voilà qui nous rappelle que nous ne pouvons pas échapper à notre responsabilité en dehors des États-Unis. Nous devons faire face. »
Vous êtes à Paris pour soutenir le sort des opposants iraniens réfugiés en Irak, plus d’une centaine ont trouvé la mort voilà un an sous les balles de l’armée irakienne, pourquoi cet engagement ?
« Les États-Unis avaient pris l’engagement de les protéger, or il n’en a rien été. Conséquence : 116 tués. Malheureusement, l’appareil de l’ONU en Irak était plus préoccupé à maintenir de bonnes relations avec le gouvernement irakien et s’est transformé en une caisse de résonance des mensonges du gouvernement sectaire de Maliki, dont les informations fausses et inexactes continuent, en dépit de sa récente éviction, de tromper la communauté internationale. »
Propos recueillis par Sébastien MICHAUX