Par Alejo Vidal-Quadras*
Le Comité international pour la recherche de la justice (ISJ) dénonce l’intensification des activités du ministère iranien du Renseignement et de la sécurité (VEVAK) pour diaboliser l’Organisation des Moudjahidine du Peuple d’Iran (OMPI ou MEK) et préparer le terrain à des actes terroristes contre la principale opposition démocratique à la dictature religieuse au pouvoir en Iran.
L’enregistrement vidéo secret et inopiné par la chaîne britannique Channel 4 de la résidence des réfugiés iraniens – membres de l’OMPI – en Albanie le 10 août, et la publication de ces photos en moins de 24 heures, sur les sites Web du VEVAK, notamment Iran-Interlink, a suscité de vives inquiétudes quant à la sécurité et à la sûreté de ces réfugiés. Channel 4 a refusé de répondre aux lettres du porte-parole de l’OMPI, dont une copie a été envoyée à l’ISJ.
Trois semaines après la visite suspecte de Channel 4 à la résidence des réfugiés, sa rédactrice en chef internationale, Mme Lindsey Hilsum, a informé le porte-parole de l’OMPI avant-hier, dans une lettre dépourvue d’impartialité journalistique, qu’ils prévoyaient de diffuser un reportage sur l’organisation le 3 septembre. Après avoir décrit les éléments de l’émission, elle a demandé les commentaires écrits de l’OMPI.
Selon la lettre de Mme Hilsum, les éléments de l’émission sont composés de propos mensongers et de calomnies contre l’OMPI que nous avons entendues à plusieurs reprises de la part des représentants du régime des mollahs et des agents du VEVAK au cours des deux dernières décennies.
C’est au mépris de l’éthique journalistique que, pendant plusieurs semaines, la journaliste a interviewé plusieurs agents iraniens et filmé secrètement la résidence des réfugiés. A la dernière minute et à la veille de la diffusion de l’émission, elle demande à l’OMPI de répondre à ces mensonges et de l’envoyer à la station de télévision dans un délai d’une demi-journée de travail.
La lettre a été envoyée à l’OMPI vendredi 31 août, et l’émission doit être diffusée lundi 3 septembre. Cela rappelle les tribunaux fantoches de la dictature religieuse en Iran, où un seul membre agissant en tant que juge, procureur et avocat, donne à l’accusé seulement la possibilité de renoncer à son idéologie ou d’aller à la potence.
Le régime des mollahs, bien que submergé par le mécontentement généralisé et les soulèvements populaires, et confronté à un isolement international croissant, a désespérément besoin d’émissions similaires à celui de la chaîne britannique Channel 4. Surtout lorsque son complot terroriste contre l’OMPI en Albanie en mars 2018 et un autre complot à la bombe contre le rassemblement massif de l’opposition iranienne à Paris en juin 2018, ont été déjoués par les agences européennes de sécurité. Un « diplomate » terroriste iranien a été arrêté en Allemagne en juillet 2018 et deux agents du régime des mollahs espionnant l’OMPI aux États-Unis ont été arrêtés en août 2018.
Pas plus tard que la semaine dernière, le réseau cybernétique des mollahs de Téhéran qui véhiculait de fausses informations et des politiques internationales trompeuses a été dévoilé et des centaines de comptes ont été bloqués par Facebook, Twitter, Instagram, Google Plus et YouTube pour « manipulation coordonnée » des médias. Il y a quelques jours, le ministère français des Affaires étrangères a exhorté ses diplomates à ne pas se rendre en Iran, car leur immunité diplomatique ne peut être garantie.
Toutes les allégations contenues dans la lettre de Mme Hilsum contre l’OMPI sont des mensonges bien connues que nous avons vécues au cours des deux dernières décennies. Nous avons déjà mené des enquêtes à ce sujet par le passé. Le président de l’ISJ, Dr Alejo Vidal-Quadras, en sa précédente qualité de vice-président du Parlement européen (1999-2014), ainsi qu’un grand nombre d’autres parlementaires et dignitaires politiques se sont rendus à plusieurs reprises au camp Achraf entre 2003 et 2009 ; depuis 2013, ils ont visité les locaux de l’OMPI en Albanie et ont rencontré de près et directement les réfugiés. Nous connaissons bien l’ensemble des allégations présentées dans la lettre de Mme Hilsum, que nous avons trouvées absolument fausses.
Par exemple, nous avons rencontré Mme Somayeh Mohammadi, dont le père Mostafa Mohammadi est l’un des principaux sujets de l’émission de Channel 4. Nous l’avons rencontrée au camp Achraf, en Irak entre 2005 et 2008, et en Albanie après 2014 et lui avons parlé directement. Nous avons également examiné les documents révélant l’engagement de Mostafa Mohammadi envers les services de Renseignement des mollahs. Le reportage de Mme Hilsum, tel qu’il ressort de sa lettre, affirmant que Mme Mohammadi est détenue dans les camps de l’OMPI contre son gré, équivaut, techniquement parlant, à une collaboration dans la torture psychologique de Mme Mohammadi. Mme Hilsum ferme simplement les yeux sur le fait que même les tribunaux irakiens sous le régime de Maliki avaient rejeté l’affirmation de Mostafa Mohammadi selon laquelle sa fille était détenue de force par l’OMPI. Elle ferme les yeux sur le fait que des autorités américaines, le HCR, la MANUI, la Croix-Rouge, des délégations européennes et d’autres parlementaires ont interviewé Mme Mohammadi dans les camps Achraf et Liberty en Irak et en Albanie, et elle a explicitement dit qu’elle ne voulait pas rencontrer son père, qui est maintenant un agent du VEVAK. Mme Hilsum a ignoré le fait que les autorités canadiennes ont clairement indiqué que Mme Mohammadi était restée de son propre chef au camp Achraf pendant son séjour en Irak. En plus de tout cela, le Procureur albanais a rejeté en août 2018 la plainte de Mostafa Mohammadi selon laquelle sa fille avait été enlevée et prise en otage par l’OMPI, affirmant qu’elle est une femme de 38 ans qui est restée au sein de l’OMPI de son plein gré.
Certains, qui suivent de près les pratiques du régime des mollahs, considèrent ces reportages comme un paiement anticipé pour obtenir la libération des ressortissants britanniques détenus par le régime en tant qu’otages en Iran. Une telle attitude ne fera qu’encourager le régime à poursuivre son terrorisme à l’étranger et à réprimer la population iranienne.
L’expérience a prouvé, que ce soit dans les camps Achraf, ou à Liberty en Irak, ou en Albanie et ailleurs, une telle diabolisation a été le préambule d’attaques militaires, de missiles ou d’attentats terroristes à la bombe contre l’OMPI. Par conséquent, l’ISJ demande à Channel 4 de ne pas tomber dans les complots du régime des mollahs et de ne pas ouvrir la voie à des actes terroristes sans entrave des mollahs en diffusant une telle émission.
A propos de l’ISJ :
Le Comité international pour la recherche de la justice (ISJ) a été créé en 2008 sous la forme d’un groupe informel de parlementaires de l’UE afin d’obtenir la justice en faveur de l’opposition démocratique iranienne. En 2014, il a été enregistré en tant qu’ONG à but non lucratif à Bruxelles, élargissant sa composition au-delà des parlementaires élus, à d’anciens responsables et autres dignitaires ayant un intérêt à promouvoir les droits de l’homme, la liberté, la démocratie, la paix et la stabilité. Les campagnes de l’ISJ ont bénéficié du soutien de plus de 4000 parlementaires des deux côtés de l’Atlantique.
* Président : Alejo Vidal-Quadras, Vice-Président du Parlement européen (1999-2014)