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Iran : Le chemin tortueux d’un agent révèle des méthodes du VEVAK

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Iran Terror Website, Londres, le 22 mai – M.H. Sobhani, la cheville ouvrière du nouveau rapport de Human Rights Watch, est un vétéran des renseignements iraniens.

Une note interne du ministère iranien des Renseignements et de la sécurité, le VEVAK, obtenue par des sources de l’opposition iranienne à l’intérieur de l’Iran et publié en août 2002, identifie Mohammad Hossein Sobhani en un chef d’unité et un agent de longue date du VEVAK. Des recherches sur les longues années de service de Sobhani pour la police secrète iranienne et les interviews avec d’anciens agents du VEVAK et dissidents iraniens actifs qui le connaissent, dressent la carte d’un chemin tortueux qui jette un éclairage sur les méthodes et les tactiques d’un service de renseignement qui est devenu un des plus grands au monde et un des plus redoutés.

Sobhani fait partie du lot d’agents du VEVAK envoyés en Europe par Téhéran au cours d’une brève période au printemps 2002. Les archives allemandes de l’office des réfugiés montre qu’il a sollicité l’asile politique cette année-là. Farhad Javaheri-Yar et Akbar Akbari étaient aussi parmi les membres d’une équipe d’agents du VEVAK dirigée par Sobhani.

Le printemps 2002 a été une période particulièrement fébrile pour les hauts responsables du VEVAK à Téhéran. Les dirigeants iraniens sentaient vivement que les Etats-Unis libérés du fardeau du conflit en Afghanistan, une guerre se préparait contre l’Irak. Le Conseil suprême de sécurité nationale iranien, la plus haute instance de sécurité du pays, avait donné pour instruction au VEVAK de travailler sur la manière d’employer la combinaison de l’alerte anti-terrorisme dans les pays occidentaux à la suite des attaques de 11 septembre et un conflit imminent en Irak pour porter un coup mortel au Moudjahidine du peuple (OMPI), le groupe d’opposition le plus actif au régime religieux iranien.

Le troisième bureau du VEVAK, qui s’occupe exclusivement de l’OMPI et des organismes qui lui sont alliés, avait déjà en main une opération de désinformation. Elle donnait pour mission à un groupe de recrues du VEVAK, tous d’anciens membres de l’OMPI, de partir pour l’Europe, d’y obtenir l’asile politique, et de lancer un nouvel exercice de désinformation contre l’OMPI, en prétendant toute une série de violations des droits de l’homme de l’OMPI contre ses anciens membres. Il s’agissait de viser des parlementaires, des groupes de droits de l’homme et les services secrets des Etats occidentaux.

Peu après l’arrivée en Allemagne des membres du réseau de Sobhani, les sites Internet en persan et les journaux servant d’écran au VEVAK, comme Mahdis, Iran Didban et Iran-Interlink, se sont mis à mettre l’accent sur leurs récits sanguinolents d’isolement cellulaire et de violences physiques dans les bases de l’OMPI en Irak.

Ces récits sont essentiellement resté confinés aux instruments de désinformation du VEVAK, jusqu’à ce que Human Rights Watch les mettent en relief dans un rapport publié le 18 mai 2005. Le rapport, une litanie d’allégations sur des violations des droits de l’homme par l’OMPI, se focalise en particulier sur les propos de Mohammad Hossein Sobhani et fait grand cas de ses allégations comme quoi il aurait passé plus de huit années en isolement cellulaire.

Pardoxalement, Sobhani a changé une partie essentielle de son histoire dans le rapport de Human Rights Watch par rapport à ce qu’il racontait à son arrivée en Europe.
Selon le rapport de Human Rights Watch, Sobhani « s’est échappé d’un centre de détention de basse sécurité en Iran ».

Dans une interview datée du 11 juin 2002 avec Mahdis, un site Web officieux en persan du VEVAK, Sobhani disait qu’il s’était échappé d’un véhicule lors d’un transfert et qu’il avait pris la fuite pendant une fusillade.

La divergence est très révélatrice, parce qu’elle concerne une partie importante de toute l’histoire de Sobhani. Après son arrivée en Europe en mars 2002, ses responsables au VEVAK se sont rendus compte que son histoire présentait une faille majeure qui risquait de la faire tomber à l’eau : s’il était, comme il le prétendait, un opposant au régime iranien, comment avait-il pu arriver en Allemagne directement depuis Téhéran ? Le VEVAK essaya alors de dissimuler la véritable histoire de
Sobhani en calant une interview sur un de ses sites Web, Mahdis, le 11 juin 2002. Sobhani prétendait que bien qu’il soit retourné en Iran depuis l’Irak le 21 janvier 2002, et qu’il avait été livré aux autorités iraniennes, il était parvenu à s’échapper à la suite d’une fusillade à Téhéran. Trois ans après, il donne un récit totalement différent de la façon dont il s’est échappé, comme le montre son « témoignage » dans le nouveau rapport de Human Rights Watch.

L’histoire de l’évasion de Sobhani demandait un sérieux effort d’imagination pour la trouver crédible et avait à l’évidence été conçue à la hâte pour protéger Sobhani. Ceux qui connaissent la situation savent qu’en 26 ans de régime religieux en Iran, on compte seulement une poignée d’évasions réussies des griffes des services de sécurité iraniens. Sobhani, qui prétend avoir été pendant des années un membre de l’OMPI, aurait été une prise trop précieuse pour le VEVAK que ses chances de s’échapper lors d’une fusillade soient pratiquement nulles. D’ailleurs, que dire des autres membres de son réseau ? Comment ont-ils quitté l’Iran pour le rejoindre en Allemagne ? Ces questions n’ont jamais trouvé de réponse satisfaisante.

Les responsables au VEVAK du réseau de Sobhani travaillent sous le commandement direct du vice-ministre, Mohammad-Reza Iravani. Iravani, mieux connu des professionnels du renseignement sous son nom d’emprunt Amir Hossein Taghavi, est le vice-ministre des renseignements et de la sécurité. Il a un long passé dans des attentats terroristes contre les militants de l’opposition à l’étranger et le meurtre des dissidents en Iran. C’était un proche collaborateur de Saïd Emami, le numéro deux du VEVAK dans les années 1990 qui est mort en prison dans des circonstances mystérieuses après des révélations sur son rôle dans d’effroyables meurtres en série de dissidents en Iran.

Des recherches sur le passé de Sobhani ont révélé que le VEVAK a utilisé un lien familial classique pour le recruter. Son frère, Jaafar Sobhani, était membre des gardiens de la révolution et travaillait pour le VEVAK au ministère de l’éducation. Il a facilité le recrutement de son frère, Mohammad Hossein, qui était à l’époque un officier de réserve de l’armée iranienne.

Les responsables du VEVAK ont rapidement vu en lui un agent doué et l’ont affecté à une mission difficile : infiltrer le groupe d’opposition des Moudjahidines du peuple. Le rapport de l’OMPI sur l’infiltration du VEVAK, publié en 2002, note que la mission de Sobhani a commencé en février 1983, où il est apparu dans une base de l’OMPI au Kurdistan. Il a été d’abord assigné une première fois dans des bases logistiques et de février 1990 à l’automne 1991, il était membre de l’équipe de protection des transports. Sobhani est arrivé à un moment où les structures de sécurité et de communication de MEK avaient été sérieusement réduites en raison de coups successifs portés par le régime des mollahs et il n’est pas suivi une procédure classique de contrôle de son passé. Mais ses collègues ont eu de forts soupçons sur sa conduite. En 1986, son supérieur, Fereydoun Varmazyari, l’a officiellement sanctionné. Il était clair pour Varmazyari que Sobhani avait menti sur son passé et qu’il essayait de cacher ses activités avant de joindre le mouvement. Varmazyari a été abattu par les agents du régime peu après et Sobhani a évité davantage d’examen de son passé.

Le véritable rôle de Sobhani comme agent du VEVAK a été révélé à la suite d’une longue enquête après un complot avorté pour assassiner Massoud Radjavi, président du Conseil national de la Résistance. Le 23 décembre 1991, des officiers du VEVAK travaillant sous couvert diplomatique ont pris position près du bureau de l’OMPI à Bagdad, attendant l’arrivée imminente de Radjavi. Mais ils ont été repérés par la sécurité de l’OMPI et blessés dans l’affrontement qui a suivi. AFP et Reuters reprenaient une annonce mystérieuse du régime iranien comme quoi deux de ses diplomates à Bagdad avaient été sérieusement blessés par l’OMPI. Puis le 18 mars 1992, la radiotélévision officielle iranienne donnait lecture d’un communiqué du VEVAK, annonçant que « Radjavi a été assassiné par ses gardes du corps ». Apparemment les opérateurs du VEVAK avaient fait une erreur en déchiffrant le message venant de Bagdad; pendant plusieurs heures les mollahs ont pensé que leur complot d’assassinat de Massoud Radjavi avait réussi.

Dix-sept jours plus tard, l’Armée de l’Air de Téhéran bombardait la base Achraf de l’Armée de libération nationale iranienne. Treize bombardiers larguaient 30 tonnes de bombes sur la base. Un autre agent du VEVAK, Kazem Soleimani, a prétendu par la suite dans les médias iraniens qu’il avait personnellement vu les corps de Maryam et de Massoud Rajavi tués. Les enquêtes sur ces tentatives d’assassinats et ces attaques ont établi que le VEVAK avait reçu des informations de quelques taupes infiltrées, dont Mohammad Hossein Sobhani.

Mahnaz Bazzazi, une experte du contre-espionnage dans l’OMPI, a passé beaucoup de temps pour découvrir le passé caché de Sobhani et ses liens avec le VEVAK. « Dans n’importe quel mouvement de libération du monde au cours du siècle passé, Sobhani aurait reçu la peine capitale une fois révélée son identité d’agent du VEVAK en mission pour assassiner les dirigeants du mouvement, » a-t-elle déclaré dans une interview téléphonique depuis la base Achraf. « Mais nous n’avons jamais pris de telles mesures punitives et même Sobhani n’a pas été puni. Ses allégations d’emprisonnement en cellule isolée et de torture sont des mensonges grossiers et des centaines de personnes peuvent témoigner qui l’ont vu faire du jogging dans le camp même après que sa mission a été découverte. »

En 1999, Sobhani a fait une tentative d’évasion à la frontière Iran-Irak pour passer en Iran, mais il a été arrêté par la police irakienne et envoyé par la suite en Iran par la voie légale en 2002. Après avoir donné toutes ses informations, le VEVAK l’a envoyé en Allemagne sur une nouvelle mission de désinformation contre le MEK et la coalition du Conseil national de la Résistance iranienne.

Deux hauts responsables du VEVAK, Hadj Gholami et Hadj Saïd, étaient en charge de la formation et de la préparation de Sobhani et d’autres membres de son équipe pour sa nouvelle mission. Dans un rapport interne du VEVAK daté du 20 février 2002, Ramin Darami, un membre du réseau de Sobhani, a écrit à Hadj Saïd, son nouveau supérieur, « après être entrés dans l’Iran par la voie légale [depuis l’Irak »>, nous avons été envoyés à l’hôtel Marmar de Téhéran et où on nous a réservé un accueil de grand standing. Pendant que nous étions à l’hôtel Marmar, le chef de notre équipe était le frère Mohammad Hossein Sobhani et d’autres personnes de notre groupe étaient Ali Qashqavi et Taleb Jalilian. Nos frères du ministère des renseignements [VEVAK »> nous rendaient des visites quotidiennes pour résoudre tous nos problèmes, et pendant cette période j’ai parlé à Hadj Mahmoud… Mon séjour à l’hôtel a duré dix jours… Pendant la période où nous sommes restés à l’hôtel Marmar, le frère Mohammad Hossein Sobhani a passé les plans que vous aviez proposés plusieurs fois en revue avec notre équipe et on nous a donné des instructions là-dessus. »

L’OMPI, qui a obtenu ce document manuscrit en persan, l’a publié dans son journal hebdomadaire en août 2002.

Les activités de Sobhani pour le VEVAK n’ont pas inquiété que les dissidents iraniens. La police et les autorités des services de sécurité européens l’ont approché à plusieurs reprises, préoccupés par ses activités contre les Iraniens en exil et ses contacts avec des responsables du VEVAK en Europe. Ils savent très bien de par leur expérience des années 1990 que des agents de la désinformation du
VEVAK peuvent être employés pour la collecte d’informations sensibles sur les dissidents de premier plan et des complots pour les assassiner.

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