"Aujourd’hui les conditions ne sont pas réunies pour investir en Iran", a déclaré la porte-parole du groupe Lisa Wiler. "On espère que les relations politiques vont s’améliorer pour pouvoir investir".
Cependant, l’Iran "reste un pays prioritaire dans la stratégie de Total", et "on reste en contact" avec nos partenaires iraniens, a-t-elle assuré. "On espère que la National iranian oil company (NIOC) est un partenaire à long terme".
Le groupe Total était en effet en discussions pour le développement d’un nouveau projet de gaz naturel liquéfié (GNL) avec la société malaisienne Petronas sur le champ de gaz iranien offshore de South Pars, l’un des plus grands gisements au monde. Total n’a pas dit explicitement s’il renonçait à ce projet, mais la possible suspension de ses investissements en Iran constitue un revers pour les efforts de Téhéran visant à exploiter ses réserves de gaz naturel.
Le projet représente le seule opération importante de Total en Iran et sa suspension retarderait les ambitions iraniennes dans le secteur du gaz naturel liquide de huit à dix ans, estime Samuel Ciszuk, un analyste du cabinet de recherche Global Insight.
"C’est un coup très dur" pour l’Iran, qui intervient après la décision de deux autres compagnies pétrolières occidentales en mai, Royal Dutch Shell et Repsol, de se retirer de leur propre projet de LNG à South Pars, ajoute-t-il.
Comme les autres compagnies du secteur, Total subit une pression importante des Etats-Unis et de ses alliés en raison des tensions croissantes autour du programme nucléaire iranien.
L’année dernière, Paris avait exhorté Total et Gaz de France à cesser d’investir en Iran et en Birmanie.
La tension s’est encore aggravée mercredi avec les manoeuvres militaires iraniennes dans le Golfe: les unités d’élite des Gardiens de la révolution ont procédé à des tirs de missiles longue et moyenne portée, destinés à prouver que le régime dispose de la capacité de frapper Israël.
Le "Financial Times" de jeudi a cité le PDG de Total Christophe de Margerie, qui exprimait sa frustration, notant que le "risque politique d’investir en Iran" était trop grand, car "les gens diraient ‘Total ferait n’importe quoi pour de l’argent’".
Il s’en est pris à l’attitude de Washington, en ces temps de crise énergétique: "vous sortez du système les deux principaux pays (Iran et Irak et après vous dites ‘il n’y a pas assez de pétrole et de gaz’. Oh, quelle surprise!".
Le gisement géant de South Pars, où Total est impliqué depuis 1997, est développé en 24 phases, et devrait produire 751 millions de mètres cubes de gaz naturel en 2014. L’Iran a besoin de la technologie occidentale pour liquéfier le gaz du gisement de manière à pouvoir le transporter et le vendre à l’étranger. AP