Iran Focus : Au lendemain du rassemblement officiel du 11 février, la télévision dEtat a rapporté les propos du « guide suprême » Ali Khamenei, saluant "les dizaines de millions"! d’Iraniens qui ont assisté au rassemblement de soutien au régime. « Ce rassemblement massif reflète la force de la nation. Il est temps pour les ennemis étrangers douvrir les yeux et d’abandonner leurs vains efforts pour asservir l’Iran », a-t-il déclaré.
Dautres officiels du régime ont été plus « précis » dans leurs estimations en avançant le chiffre de « 50 millions »! de participants (agence de presse Fars, affiliée aux pasdaran, 11 février). Sachant que lIran compte officiellement 71 millions dhabitants, il faut créditer les mollahs davoir ainsi accompli le plus grand exploit de lhistoire en terme de mobilisation et de légitimité populaire !
Inadvertance
Or, les images diffusées le même jour par une autre agence du régime, Mehr, affiliée, elle, au Vevak (renseignements), sur le principal rassemblement pro-régime de la place Azadi à Téhéran, donne une image autrement révélatrice de la réalité : une foule éparse, avec des segments entiers presque vides. Un spectacle bien loin de la marée humaine des opposants au lendemain de la fraude électorale en juin.
Une photo publiée par le journaliste de lagence Mehr montre le rassemblement sur la place Azadi juste avant le discours de Mahmoud Ahmadinejad. Les parachutistes observés sur limage sont descendus lors de la cérémonie dinauguration, une quinzaine de minutes avant le discours présidentiel, au pic du programme de la journée.
Par ailleurs les images satellites de Google Earth donnent également un aperçu de létat des lieux aux alentours de la place Azadi. (video: tinyurl.com/y8vruv5)
Un spectacle sidérant de files de cars de plusieurs kilomètres remplissant les artères menant à la place Azadi. Des centaines dautobus venues de province pour renflouer la cérémonie officielle, qui se voulait une manifestation « spontanée » de soutien populaire. La rude réalité des clichés fait voler la propagande en éclat. La situation nétait guère plus satisfaisante en province. A titre dexemple, à Tabriz, 2 millions dhabitants, le régime a eu peine à rassembler quelques centaines de personnes pour la cérémonie officielle. Dans la plupart des villes le régime a renoncé à tenir la manifestation officielle, préférant transférer ses troupes vers la capitale.
‘Sandis’
Les contraste étaient flagrant à Téhéran, d’un côté sur la place Azadi les gardiens de la révolution et la milice Bassij distribuaient à des milliers de personnes qui débarquaient des bus de province, des nourritures gratuits (boisson gazeuses Sandis, riz, soupe ), à quelques centaines de là, leurs collègues distribuaient des coups de matraques, de gaz lacrymogène et des balles à des milliers de manifestants hostiles.
Le scandale de la nourriture gratuits et la rué sur les stands de distribution ont fait la risée de tous les Iraniens. Même les officiels ont du s’expliquer sur les chaînes officielles pour se défendre et dire que les participants à la manifestation officielle de l’anniversaire de la révolution n’était pas venus pour boire gratuitement des Sandis .
Le 11 février a marqué léchec dun régime à bout de souffle et un gain pour les manifestants hostiles au régime, qui malgré une répression sans précédent, ont bravé les dangers en manifestant leur rejet de la dictature. Sur la place Sadeghieh, à un kilomètre de la place Azadi, les manifestants ont défié courageusement les forces de lordre et scandé « A bas le principe du guide suprême ». Des affrontements violents ont eu lieu dans plusieurs quartier de Téhéran et également dans les villes de province à Chiraz, Machad, Ispahan, Tabriz
Pourtant Les autorités avaient mis en uvre toute la puissance de la machine de répression. Ils avaient coupé ou perturbé les connexions Internet et avaient organisé une série de simulacres de procès pour les manifestants, exécutant deux jeunes, en condamnant neuf autres à la peine capitale.
Prochain rendez-vous le 16 mars
La révolte du 11 février a démontré que la population na pas lintention de plier face au régime et se prépare déjà pour une autre épreuve de force. Le prochain rendez-vous sera le 16 mars, « la fête du feu » qui marque les célébrations de la fin de lannée iranienne.
Manifestation de l’opposition le 15 juin à Téhéran, Place Azadi: