
Iran Focus : Pendant que le procureur de Téhéran s’empresse de prononcer des condamnations à mort et des peines de prison pour les manifestants arrêtés, Hamideh Dachti est là pour nous rappeler que lhistoire macabre des droits de lhomme en Iran nen est pas à ses débuts.
Le sort de la famille Dachti en dit long sur celui des défenseurs des droits de lhomme, dès les premières années de la dictature intégriste. Les démocrates iraniens ont payé un lourd tribut à la défense des droits fondamentaux en Iran. La famille Dachti en fait partie.
Prenant la parole dans une réunion au Parlement européen (1), cette militante de la Résistance iranienne a fait le récit émouvant de trois générations dune famille, payant le prix de la liberté face aux mollahs obscurantistes, dont nous reproduisons des extraits.
« Nous étions une famille de quatre surs et un frère, dit-elle, tous sympathisants de la résistance. Mon frère Houd, navait que 21 ans lorsquil fut tué en 1981 par les gardiens de la révolution, et son épouse, Maryam Chahosseini, en avait 25, quand elle a été exécutée en 1988, après sept années demprisonnement.
« Jétais très attaché à mon frère unique, poursuit-elle, un militant acharnée des droits fondamentaux au lendemain de la Révolution en 1979. Ingénieur, très populaire parmi les amis et les gens du quartier à Abadan où nous vivions, Houd ne pouvait tolérer que les libertés acquises à la chute de lancien régime, soient trahies par les nouveaux despotes sous le couvert de la religion. Houd militait avec le « Mouvement social des Moudjahidine», le réseau social de lOmpi qui avait ouvert des bureaux partout dans les villes et la campagne, uvrant à la défense des droits et libertés.
« Lorsque Houd a été tué par les Pasdaran à Chiraz, mes parents ont récupéré le corps avec beaucoup de difficultés. Ils ont été contraints à lenterrer à deux, sans être autorisés dorganiser une cérémonie funèbre.

« Ma sur Fariba a été pendue à 25 ans, ajoute-t-elle, en 1988 lors de ce quAmnesty International a qualifié de « massacre des prisons ». Un « crime contre lhumanité », au cours duquel 30.000 prisonniers politiques ont été exécutés en quelques jours. Khomeiny, le fondateur du régime, a décrété une Fatwa ordonnant la mise à mort de tous les prisonniers « non repentis » dans les prisons. Malgré les tortures et les conditions effroyables de la prison, Fariba avait refusé de renoncer à ses convictions. Après sept années d’emprisonnement, elle a été exécutée pour avoir déclaré ouvertement son aversion pour le « système du guide suprême » et son attachement aux idéaux humanistes de la Résistance.
« Trois de mes cousins ont également été exécutés par le régime. Le premier, Ramine Dachti, 18 ans, a été arrêté lors de la manifestation le 20 juin 1981. Il a été exécuté quelque jour plus tard en raison de sa sympathie pour lOmpi. Quant à son frère aîné, Reza Dachti, il a été exécuté en 1988 avec mon cousin maternel Ali Alizadeh pour les mêmes raisons.
« Mon beau-frère Ahmad-Reza Rachidi a également été exécuté en 1988. Ma sur Leyla, un ingénieur en agriculture, se trouve actuellement au camp Achraf en Irak, où résident 3400 membres de la Résistance iranienne.
« J’ai encore une sur, Nazila, emprisonnée. Son crime est d’avoir rendu visite en 2006 à notre sur Leyla à Achraf. Nazila et son mari, le Dr Hani Yazarlou, avaient déjà passé sept ans en prison dans les années 1980. En compagnie de son fils Houd, Nazila avait décidé daller rendre visite à Leyla, après 27 ans de séparation. De retour dAchraf, ils ont été arrêtés et incarcérés dans la section 209 de la sinistre prison dEvine. Depuis le 25 mai 2007, ils vivent des conditions difficiles à Evine.
« Houd Yazarlou suivait un cursus à lUniversité dadministration industrielle. Il a passé 3 mois en isolement puis a été incarcéré avec les prisonniers de droit commun. Il est soumis à des pressions intense parce quil est membre dune famille à laquelle ont appartenu des Moudjahidine du peuple et parce quil sest rendu à Achraf. On incite les prisonniers de droit commun à agresser Houd en leur promettant de les libérer avant lexpiration de leurs peines.

« Après un procès inique, Nazila et son fils ont été condamnés à trois ans de prison pour sêtre rendus à Achraf. Le 20 février 2009, Hamed, le frère de Houd, a été arrêté à son tour. Plusieurs résidences des proches des Moudjahidine du peuple sont la cible de raids à travers le pays. Hamed, étudiant en aérospatial, a été incarcéré à la section 209 dEvine. Pourtant, il nest pas allé à Achraf, et il ne menait pas la moindre activité politique, son seul crime est dêtre parent de Moudjahidines.
« Je dois enfin mentionner le cas de ma mère, Homa Dachti, qui a été arrêtée à plusieurs reprises au cours de ces années pour être la mère de Moudjahidine. Elle souffre de problèmes de santé aigus en raison des pressions et des souffrances énormes quelle a subies au cours de tous ces années », a dit gravement Mme Dachti en guise de conclusion.
* une réunion organisée le 7 avril dernier au Parlement européen à Bruxelles par le « Groupe de solidarité avec les femmes iraniennes pour un Iran libre », présidée par leurodéputé Edit Bauer.