Dans une interview avec l’agence de presse espagnole EFE, Vidal-Quadras, député européen entre 1999 et 2014, a déploré que l’Europe ait accepté sans réserve la vision « séraphique » qui consiste à penser que, parce qu’ils sont parvenus à un accord sur le contrôle du nucléaire, le régime de Téhéran est devenu fréquentable et a amélioré la situation des droits de l’Homme.
En juillet 2015, les puissances occidentales, la Russie et la Chine ont conclu un accord avec l’Iran pour que ce pays limite son programme nucléaire, programme soupçonné d’être à des fins militaires par plusieurs pays.
Presqu’un an après cet accord et trois ans après l’élection d’Hassan Rohani, Vidal-Quadras ne perçoit aucun changement dans le régime, ni d’améliorations dans la situation de vie des Iraniens.
« Il y a un malaise social profond, l’économie est contrôlée, il y a des retards de paiement des salaires, l’inflation est de 180 pour cent… », résume-t-il pour décrire les « mauvaises conditions » dans lesquelles vivent les Iraniens, aggravée par « brutalité du régime », qui a déployé 7000 policiers secrets chargés de surveiller les concitoyens.
Vidal-Quadras ne comprend pas non plus que l’Europe ne reconsidère pas sa politique en respectant l’opposition iranienne en exil représenté par le Conseil national de la Résistance, qui se trouve en France et dirigé par Maryam Radjavi.
Dans le passé, l’Europe avait classé le CNRI dans la liste des organisations terroristes pour « apaiser » le régime, mais après l’accord de l’année dernière avec Téhéran, l’ancien eurodéputé ne voit plus aucune raison de ne pas les soutenir.
« C’est une erreur stratégique », affirme Vidal-Quadras, qui préside actuellement l’organisation « In Search of Justice (ISJ) », une organisation internationale sans but lucratif, basée à Bruxelles, qui promeut la protection des droits de l’homme et la démocratie et qui a le soutien de parlementaires du monde entier.
Ces derniers mois, l’ISJ a écrit deux rapports sur la situation intérieure en Iran, et l’expansion de l’État islamique et comment l’affronter.
L’ancien vice-président du Parlement européen a souligné les connexions entre l’Iran et le conflit syrien, puisque les deux jouent un « jeu complexe dans lequel l’État islamique est utilisé indirectement » pour soutenir le régime de Téhéran et le président syrien Bachar el-Assad.
« Si les gouvernements occidentaux pensent qu’ils peuvent utiliser l’Iran dans leur lutte contre Daech, c’est une vision naïve », affirme Vidal-Quadras, parce que Téhéran ne souhaite pas du tout la disparition de Daech.
Il propose une politique qui, en parallèle du renversement d’Assad, renforce l’opposition syrienne modérée et le retrait des forces iraniennes en Syrie, ce qui permettrait la mise en place d’un gouvernement respectueux de l’Occident.
Dans sa critique de la politique étrangère européenne actuelle, Vidal-Quadras estime qu’il n’y a pas de stratégie claire de l’UE, mais chaque pays a sa propre ligne.
Et rappelle que, pendant le séjour en Iran, en avril, de la Haute Représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini, qui était accompagnée de sept commissaires, dix exécutions ont eu lieu.
« On ne dit rien à propos de ceci. Et si quelque chose a été fait discrètement, bien sûr cela n’a eu aucun effet », a déploré Vidal-Quadras.
EFE