OpinionAnalyseIran: Un an après, une analyse par Reuters

Iran: Un an après, une analyse par Reuters

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Reuters: Par Pariza Hafezi – Un an après la réélection contestée du président iranien Mahmoud Ahmadinejad, les conservateurs tiennent fermement un pays où les problèmes économiques et la crise nucléaire semblent plus dangereux pour le pouvoir qu’un mouvement réformateur en perte de vitesse.

La vague de contestation soulevée par la reconduction du chef de l’Etat n’est pas totalement retombée, mais le pouvoir lui a porté de rudes coups.

Les deux principaux dirigeants de l’opposition iranienne ont ainsi renoncé à appeler leurs partisans à se rassembler samedi, à l’occasion du premier anniversaire d’un scrutin qui avait été suivi de manifestations sans précédent depuis la Révolution islamique de 1979,

Mirhossein Moussavi et Mehdi Karoubi, deux rivaux d’Ahmadinejad à l’élection présidentielle, déclarent dans un communiqué commun avoir demandé l’autorisation de tenir un rassemblement pacifique, samedi à Téhéran.

Mais, ajoutent-ils, il était évident que cela ne serait pas accordé. En conséquence, ils ont annulé ce rassemblement pour « protéger les biens et les personnes », rapporte le site internet Saham News, proche des réformistes.

Les dernières mobilisations d’ampleur, en décembre, ont donné lieu à des affrontements qui ont fait huit morts parmi les contestataires et Mahmoud Ahmadinejad a affirmé qu’il ne tolérerait aucune reprise des manifestations.

Bien que Mirhossein Moussavi assure ne pas avoir renoncé à son combat pour la liberté d’expression et le respect des droits de l’homme, la contestation s’essouffle manifestement sous les coups du pouvoir, et sa cote de popularité semble en déclin.

CLIMAT DE TENSION

« Je suis toujours en vie. Je continue à soutenir le mouvement réformateur », assure toutefois Mahsa, une étudiante des Beaux-arts âgée de 26 ans, brièvement arrêtée après le scrutin du 12 juin, que l’opposition dit manipulé.

Comme elle, de nombreux partisans de Mirhossein Moussavi, chef de file du courant réformateur, espéraient que sa candidature atténuerait le climat de tension qui s’est, selon eux, installé en Iran lorsque le président est arrivé aux affaires, en 2005.

« Je suis déçue et attristée, comme beaucoup de mes amis », poursuit l’étudiante, convaincue de devoir renoncer à ses espoirs d’ouverture pendant des décennies.

« Mes amis qui ont participé aux précédents rassemblements sont en prison ou ont interdiction de poursuivre leurs études. Je ne peux pas compromettre mon avenir en participant à une manifestation antigouvernementale », résume Reza Alesadegh, un étudiant en physique de Chiraz, dans le centre du pays.

Les troubles de l’an dernier ont révélé de profondes divergences au sein de la classe politique et du clergé chiite. Le président Ahmadinejad a toutefois obtenu l’appui de l’ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la Révolution, qui a dénoncé une manoeuvre des puissances occidentales pour mettre fin à la théocratie.

Pour le général Mohammad Ali Jafari, commandant du corps des gardiens de la Révolution, ces troubles étaient plus lourds de menaces que la guerre Iran-Irak.

« Grâce à Dieu, à la conduite digne du prophète du Guide suprême et à la vigilance du peuple, nous avons tourné la page de cet incident et l’ennemi a constaté qu’il ne pouvait porter atteinte à la Révolution par ces moyens », a-t-il déclaré jeudi dans la presse.

SÉRAIL

Les manifestations ont été violement réprimées par les gardiens de la Révolution, qui ont procédé à des coups de filet dans les rangs de l’opposition. Deux condamnés ont depuis été exécutés et plusieurs dizaines de personnes sont toujours derrière les barreaux.

Le mouvement réformateur a en outre été privé de ses moyens de communication, avec l’interdiction de dizaines de publications.

« Depuis l’élection, beaucoup ont perdu la vie. Beaucoup ont été emprisonnés (…), mais qu’est-ce qui a changé? Moussavi ne mérite pas d’être notre leader. Il fait partie du sérail », affirme un opposant arrêté pendant les manifestations et relâché en mai.

Pour Amir Tafreshi, chercheur en sciences politiques, le chef de file de l’opposition, ancien Premier ministre qui a souvent plaidé le retour aux valeurs fondatrices de la révolution islamique, n’a pas le courage politique nécessaire pour défier une nomenklatura dont il est issu.

« Le scrutin (du 12 juin) et ses suites ont montré que la plupart des leviers du pouvoir restent entre les mains d’un haut clergé intransigeant. Le système est parvenu à museler l’opposition », conclut-il.

Avec Robin Pomeroy, Jean-Philippe Lefief pour le service français, édité par Gilles Trequesser

 

 

 

 

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