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Interview: « L’Iran court derrière la liberté » ( François Colcombet )

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La Montagne : L’Union européenne a adopté, la semaine dernière, un nouveau train de sanctions d’une ampleur sans précédent contre l’Iran, pour tenter de stopper sa course à l’armement atomique.

« Ces sanctions sont une étape nécessaire mais en aucun cas suffisante », estime François Colcombet, ancien député (PS) de l’Allier et cofondateur du Comité français pour un Iran démocratique.

Question: L’Iran est soupçonné de chercher à se doter de l’arme nucléaire, sous couvert de programmes civils. Les nouvelles sanctions adoptées par l’Europe peuvent-elles faire reculer le régime ?

Un État qui, dans sa Constitution, appelle à la révolution dans tous les pays ne doit pas détenir l’arme atomique. Ces sanctions, qui interdisent tout nouvel investissement, toute assistance technique ou transfert de technologie à l’Iran, sont une étape nécessaire pour pousser Téhéran à reprendre les négociations sur son programme nucléaire.
Mais il ne faudrait pas que ces sanctions extérieures étouffent économiquement le peuple iranien.

Il serait alors tenté de se resolidariser avec un pouvoir que les Iraniens sont nombreux à avoir combattu l’an dernier, lors de l’élection présidentielle. Face à la montée de la répression en Iran et à la course à la bombe atomique, ces sanctions ne sont en aucun cas suffisantes.

Pourquoi les jugez-vous encore imparfaites ?

La jeunesse, les femmes et des millions d’Iraniens sont descendus dans la rue pour témoigner de leur envie d’ouverture. Mais le régime, pour garder le contrôle de la rue, a renforcé la répression.

Les sanctions ne seront efficaces que si la communauté internationale met en avant l’impératif d’un changement démocratique. Elle doit exiger, par exemple, des élections sous contrôle international. Le peuple iranien ne court pas derrière la bombe atomique. Mais derrière la liberté.

Mais changer de régime, ça implique une contestation politique structurée. Ce qui n’est pas le cas en Iran

La volonté existe. Les hommes aussi. Je pense aux Moudjahidines du peuple, qui auraient toute leur place dans un gouvernement de coalition. Ils ont été rayés de la liste des organisations terroristes par l’Europe. Une décision de la cour de Columbia (États-Unis) a aussi abondé en ce sens. Ce sont des hommes cultivés, ouverts, rompus à la démocratie. Mais ces opposants ont besoin de nous.

3.500 Moudjahidines sont installés dans le camp d’Achraf, au nord de Bagdad. Ils ont été victimes d’une attaque meurtrière, il y a presque un an jour pour jour. Le retrait des troupes américaines et l’interdiction faite aux observateurs de l’ONU risquent encore de renforcer l’état de siège imposé à ces militants. Je suis inquiet pour eux et pour cet esprit de renouveau qu’ils symbolisent.

Propos recueillis par Pierre Raynaud

Mardi 3 Août 2010

 

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