Le Monde: Par Bruno Tertrais (maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique) – L’interminable crise iranienne, qui dure maintenant depuis plus d’une décennie, a-t-elle connu un tournant lors de la dernière réunion d’Almaty, au Kazakhstan, fin février ? Le groupe des « 5 + 1 » (Etats-Unis, France, Russie, Grande-Bretagne, Chine et Allemagne), qui représente, dans les faits, la communauté internationale, y a présenté à l’Iran un nouveau « paquet » destiné à rétablir la confiance et à engager de véritables négociations sur le programme nucléaire.
Cette offre, plus attractive que les précédentes, consistait à limiter les exigences immédiates envers l’Iran – dans le domaine de l’enrichissement de l’uranium à 20 %, le plus préoccupant – en échange d’un allégement limité des sanctions.
Seulement voilà : comme le montrent à l’envi, depuis quelques jours, les déclarations officielles, la presse de Téhéran et les commentaires des « experts » iraniens, cette offre a été perçue comme le début d’un renoncement. A les en croire, la communauté internationale aurait commencé à accepter les positions iraniennes, et la patience de Téhéran aurait fini par payer. Il suffirait donc à l’Iran d’attendre un peu plus longtemps pour arriver à ses fins. Autrement dit, notre bonne volonté a été interprétée comme un signe de faiblesse.