Iran Focus, EXCLUSIF : Téhéran – Alors que lIran est de plus en plus isolé en raison de labsence dun accord international sur son enrichissement duranium, le régime est confronté à des démissions en série dexperts travaillant dans le programme de production de missile.
Au cours de lannée écoulée, entre 80 et 90 experts travaillant dans le programme de missiles sur le site Khojir à Téhéran ont démissionné, a déclaré à Iran Focus une source haut placée travaillant dans lindustrie de la défense iranienne.
Une raison pour cette situation, cest la discrimination existant au niveau de ladministration. Les postes élevés sont souvent attribués au sérail, et les chercheurs ont rarement des promotions ou des augmentations de salaires. Ils sont obligés de trouver des postes dans le secteur privé ou dessayer de mettre sur pied leur propre entreprise. Par conséquent, lorganisation aérospatiale est obligée de recruter des chercheurs sous forme dentrepreneurs, tout en les gardant sous surveillance.
Cependant, Téhéran est de plus en plus confronté à des difficultés sur le terrain face aux départs des experts.

Lorsque le scientifique Shahram Amiri a disparu lété dernier à loccasion dun pèlerinage à La Mecque, les autorités du renseignement au ministère de la Défense ont immédiatement mis en garde sa famille contre toute publicité autour de sa disparition.
Amiri, 32 ans, a disparu le 3 juin 2009 en Arabie saoudite, trois jours après son arrivée dans le royaume.
Un officiel des renseignements du ministère de la Défense, se présentant sous le patronyme dAhmadi, a contacté lépouse dAmiri pour lui signifier quil serait dans lintérêt de son époux de laisser laffaire secrète. On lui a demandé de transmettre au ministère toute nouvelle information sur son mari.
Ahmadi lui a assuré que le ministère de la Défense et celui des Affaires étrangères travaillaient de pair sur le dossier.
Au début, les autorités ont essayé de ne pas faire de bruit à son sujet, elles se sont contentées de demander à lOrganisation iranienne des pèlerinages de contacter les autorités saoudiennes sur la disparition dun pèlerin ordinaire.
Lorsque leurs efforts ayant échoué, les officiels du département politique du ministère des Affaires étrangères et lambassadeur iranien à Riyad ont formellement soulevé la question auprès des autorités saoudiennes. Les Saoudiens ont expliqué à Téhéran quAmiri était entré dans le royaume par laéroport et que selon les registres, il navait pas quitté le pays par les voies légales.
Finalement en septembre, Téhéran a décidé de rendre laffaire publique. Manouchehr Mottaki, le ministre iranien des Affaires étrangères a annoncé quAmiri faisait partie de quatre scientifiques iraniens « kidnappés » pas les États-Unis. Cette affirmation a été réitérée par le président Mahmoud Ahmadinejad en novembre. Les milieux gouvernementaux ont publié des interviews avec lépouse dAmiri, déclarant que la CIA aurait joué un rôle dans sa disparition. A létranger des rapports ont fait état de la défection du scientifique iranien avec laide de la CIA.
La disparition embarrassante dun haut scientifique nucléaire a été ressentie comme un coup sérieux par Téhéran.
Des sources haut placées au ministère de la Défense ont affirmé à Iran Focus quAmiri était un scientifique clé de lindustrie nucléaire iranienne et disposait dinformations classifiées.
Amiri, né à Kermanchah, dans louest de lIran, résidait dans la cité Imam Khomeiny, un secteur résidentiel sécurisé dans le quartier Hakimieh de Téhéran, contrôlé par lOrganisation des industries aérospatiales de lIran (OAI), un auxiliaire du ministère de la Défense et de la logistique des Forces armées.
Amiri est un diplômé de physique, détenteur dun master de physique des solides de lUniversité Elm-va-Sanaat (université des sciences et technologies) à Téhéran. Iran Focus a appris que ce dernier a mené des recherches au centre Lavizan-Shian à Téhéran pour le programme nucléaire de lIran.
Après la révélation de ce site secret en 2003 par le Conseil national de la résistance iranienne (Cnri), il a été rasé et son personnel transféré au centre Mojdeh. LIran a plus tard déclaré à lAIEA quentre 1989 et 2004 des « activités nucléaires liées à la défense » ont été menées dans le site Lavizan-Shian par le Centre de recherche physique (PHRC). Le régime a cependant nié toute activité sur du matériel nucléaire.
Les sources haut placées ont confirmé à Iran Focus quAmiri pourrait être un chaînon manquant sur le rôle d’un expert nucléaire iranien, contre lequel un mandat darrêt international a été prononcé. Mohsen Fakhrizadeh, inscrit sur la liste annexe de la résolution 1747 du Conseil de sécurité des Nations unies, est l’un des scientifiques impliqués dans le programme nucléaire militaire, en charge des opérations à Lavizan-Shian où Amiri travaillait. Fakhrizadeh rend directement compte au ministre de la Défense. En dépit des demandes répétées de lAIEA, l’Iran refuse toujours dautoriser les inspecteurs internationaux à interviewer Fakhrizadeh.
Le Dr. Parviz Katani, lex-directeur dAmiri à Lavizan-Shian, est lun des membres importants de l’équipe de Fakhrizadeh.
Lorsque les équipements ont été transférés de Lavizan-Shian à Mojdeh, Amiri a commencé à travailler dans le nouveau centre qui allait devenir le Centre de contrôle et de commande pour la production de l’arme nucléaire. Les sources d’Iran focus rapportent quAmiri détient des renseignements précieux sur les activités nucléaires du régime dans ce site.
Les sources précisent que ce site a été construit à proximité de l’université Malek Ashtar afin de rendre difficile son repérage comme centre militaire. En avril 2004, le mouvement dopposition du Cnri a révélé l’existence du site Mojdeh, cependant l’Iran refuse de laisser les inspecteurs de lAIEA le visiter.
Par la suite, le site Mojdeh a fusionné avec l’université Malek-Ashtar. L’entité fusionnée s’appelle Pardis (Paradis) de Malek-Ashtar, dirigée par Fakhrizadeh. Les sources ont indiqué à Iran Focus quen plus de ses activités sur le site Mojdeh, Amiri a travaillé à Qom au centre d’enrichissement Fordo. L’Iran a révélé l’existence du site Fordo en septembre 2009, c’est-à-dire trois mois après la disparition dAmiri en Arabie saoudite, et a été critiqué par lAIEA pour ne pas lavoir révélé plus tôt.