Intelligence ReportsTerrorismeL’Iran aurait-il infiltré ses services secrets aux Etats-Unis ?

L’Iran aurait-il infiltré ses services secrets aux Etats-Unis ?

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Iran Terror, Londres, 2 juin – Par Nasser Taba – La controverse soulevée par un rapport de Human Rights Watch basé à New York, prend une nouvelle tournure avec des spéculations sur l’influence des services secrets iraniens sur l’ONG par le biais d’agents clandestins.

Human Rights Watch a publié un rapport de 28 pages le 18 mai affirmant que le groupe d’opposition, les Moudjahidin-e-Khalq (Moudjahidine du peuple d’Iran/ OMPI), auraient maltraité leurs « membres dissidents » en Irak.

Iran Terror a pris connaissance de deux emails secrets envoyés par un haut responsable de Human Rights Watch. Les Iraniens en exil opposés au régime religieux les utilisent pour prouver la motivation politique qui se trouve derrière le rapport et la possible interférence des activités des services secrets iraniens.

Les deux messages emails ont été envoyés par Gary Sick, président du conseil consultatif du Moyen-Orient de Human Rights Watch, à une liste de correspondants nommée « Gulf 2000 list », et traitent du rapport de HWR sur l’OMPI le jour-même de sa publication.

Le premier message envoyé par Sick dit en partie que « le rapport de Human Rights Watch sur les violations commises par les MKO (OMPI) arrive juste à temps pour l’examen de H.R. 282/S. 333-La loi de soutien pour la liberté en Iran, initiée par la Représentante Ileana Ros-Lehtinen (Républicaine-Floride) et le Sénateur Rick Santorum (Républicain-Pennsylvania). »

« Outre qu’elle renouvelle les sanctions économiques inefficaces contre l’Iran, la section 302 de cette loi offre un soutien aux groupes opposés au régime iranien en place », ajoute le message. « Etant donné que la Représentante Ros-Lehtinen est au Congrès une des partisanes les plus puissantes du MKO/MEK, on peut penser que cette proposition de mesure leur soit destinée au moins dans sa dernière partie. Le rapport de Human Rights Watch sur les MKO/MEK semblera les disqualifier pour recevoir des fonds sous les dispositions de la loi. »

Ros-Lehtinen, qui préside la sous-commission du Moyen-Orient et de l’Asie centrale à la Chambre des Représentants, soutient les efforts des Iraniens en exil pour apporter un changement fondamental en Iran. Dans une interview après la chute du régime de Saddam Hussein en Irak, Ros-Lehtinen avait dit de l’OMPI : « Dans aucune des rencontres ou réunions d’information auxquels j’ai assistées, personne n’a jamais dit que ce groupe était une organisation anti-américaine et terroriste. » Elle a affirmé que l’OMPI jouissait « d’un vaste soutien » au Congrès et que ce sera « un des groupes dirigeants qui instaurera un gouvernement laïc en Iran. »

Ce n’est pas sans raison si Sick a distribué un message email séparé de Massoud Khodabandeh, appelant à davantage d’action contre l’OMPI.

Khodabandeh, basé en Grande-Bretagne, a quitté l’OMPI au milieu des années 1990. Dans une déclaration écrite remise à un conseil juridique britannique en 2002, son frère Ebrahim, témoignait que Massoud Khodabandeh avait été recruté par les services secrets iraniens, le Ministère des renseignements et de la sécurité (le VEVAK).

Au début de 2003, Ebrahim Khodabandeh a été arrêté par les services syriens alors qu’il était à Damas. Ebrahim a vécu trente ans en Grande-Bretagne où il bénéficiait du statut de réfugié politique avant d’être arrêté et envoyé en Iran avec un autre opposant iranien, suite à un marchandage entre la Syrie et l’Iran.

L’affaire avait soulevé une vague d’indignation en Grande-Bretagne. Un an plus tard, Téhéran autorisait Win Griffiths, député britannique, à rendre visite à Khodabandeh en prison. A son retour, Griffiths a déclaré qu’il avait été choqué lors de sa première visite à la prison d’Evine en voyant Ann Singleton, l’épouse britannique de Massoud Khodabandeh, se promener librement dans cette prison hautement surveillée et y bavarder avec les autorités et les gardiens.

« Je vous en prie, faites ce que vous pouvez pour empêcher qu’on amène Ann Singleton ici », lui avait soufflé discrètement Ebrahim Khodabandeh. Pour Griffiths, la raison en était claire : Singleton travaillait pour le régime iranien et servait à briser Khodabandeh.

Dans son email, Massoud Khodabandeh notait : « Alors que les experts sur le MEK se sont réjouis du rapport de HRW, cela ne représente que la pointe de l’iceberg en ce qui concerne les violations dont parle Human Rights Watch ».

L’OMPI a eu recours aux témoignages d’anciens agents et associés du VEVAK pour montrer que Massoud Khodabandeh travaille pour les services secrets iraniens depuis 1998. Ces déclarations indiquent qu’il s’est d’abord rendu à Singapour et à Kuala Lumpur cette année pour y rencontrer de hautes autorités du VEVAK. Il a ensuite monté un site Internet, Iran-Interlink, à la demande de ses supérieurs au VEVAK. Des responsables de l’OMPI disent que Khodabandeh a été un des organisateurs clés d’une petite manifestation près des bureaux de la dirigeante de l’opposition iranienne, Maryam Radjavi, dans le nord de Paris, planifiée par le VEVAK comme un moyen d’accentuer la pression sur l’opposition.

Dans son message email, envoyé par Gary Sick, Khodabandeh note : « Il y a assez d’informations (pas encore vérifiées) pour laisser penser que les MeK (OMPI) dans la base Achraf connaissent actuellement un grave crise et sont au bord de l’effondrement. La base ne tient que par un climat de peur et de répression venant des dirigeants des MeK. Les informations les plus récentes suggèrent que si le drapeau de l’armée américaine était remplacé par le drapeau de la Croix-Rouge, plus de 80% des personnes partiraient pour la base du nord. »

Les experts sur l’Iran disent que les emails soulèvent de graves questions sur la nature des relations entre Sick et l’agent des services secrets iraniens, Massoud Khodabandeh.

Etant donné sa position de président du conseil consultatif de Human Rights Watch pour le Moyen-Orient, les emails de Sick vont certainement attiser la controverse sur le rapport de HWR.

« La grande question maintenant est « Qu’est-ce que Gary Sick savait sur le rapport et quand l’a-t-il su ? », dit Massoud Zabeti, le président du Comité des avocats anglo-iraniens à Londres.

Zabeti, lui-même avocat, n’écarte pas une action juridique contre le rapport. « Nous pouvons même demander à des tribunaux aux Etats-Unis, sur la base de la loi sur la liberté de l’information, d’ordonner que toute la correspondance entre M. Sick et HRW soit rendue publique », a-t-il estimé dans une interview.

Sick, qui est un partisan ouvert du rapprochement avec le régime iranien, avait déclaré au Time magazine en mai que « Rafsandjani aura des pourparlers secrets avec les Américains dans les trois mois qui suivront son investiture ». Il n’a pas précisé s’il s’agissait simplement d’une prophétie ou si c’était basé sur des contacts secrets avec de hautes autorités iraniennes.

« Si Sick a permis à un agent du VEVAK de développer des relations étroites avec lui, cela va attirer pas mal l’attention », confie Mahmoud Deljou, qui suit les affaires iraniennes depuis chez lui à Paris. « Le VEVAK a visé avec agressivité les universitaires et d’anciens responsables avec ses opérations de désinformations. Mais ce sont des opérations d’un nouveau niveau. »

Quelle que soit la signification des emails, beaucoup d’observateurs s’accordent à dire que les services de renseignements iraniens ont remporté un grand succès à la sortie du rapport de Human Rights Watch.

« Vous avez des experts de la guerre psychologique au VEVAK qui ont été formé par des spécialistes du KGB et qui font ça depuis des années », dit Deljou. « Mais de voir un rapport d’un groupe américain des droits de l’homme basé sur des récits d’agents du VEVAK, a dû valoir au VEVAK les félicitations de beaucoup en haut lieu à Téhéran. »

L’OMPI a déclaré que le VEVAK n’utilise plus simplement des opérations militaires et terroristes, mais aussi une campagne de diabolisation et de désinformation sophistiquée pour supprimer les opposants à l’étranger.

Les dernières révélations interviennent alors qu’un colonel de l’armée des Etats-Unis qui commandait la brigade de Police militaire à la base Achraf de l’OMPI en 2004, s’est joint au concert de critiques contre le rapport de Human Rights Watch par des universitaires, des défenseurs des droits de l’homme, des parlementaires et des Iraniens en exil.

Le colonel David Phillips a écrit dans une lettre au directeur exécutif de Human Rights Watch Kenneth Roth, que de janvier à décembre 2004, il avait reçu « de multiples rapports sur la torture, des armes dissimulées et des personnes détenues contre leur volonté par la direction des Moudjahidine-e-Khalq ».

« J’ai donné l’ordre à mes unités d’enquêter sur chaque allégation. Dans de nombreux cas, j’ai moi-même dirigé les équipes d’enquêteurs lors de visites à l’improviste dans les installations de l’OMPI/MeK où des abus auraient eu lieu. A aucun moment, au cours de ces douze mois, n’avons-nous découvert une quelconque preuve crédible étayant les allégations mentionnées dans votre récent rapport », écrit-il.

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