Agence Télégraphique Suisse, Buenos Aires, 25 octobre La justice argentine a officiellement accusé l’Iran et le mouvement chiite libanais Hezbollah d’être responsables d’un attentat contre une association juive en 1994 à Buenos Aires. L’attaque avait fait 85 morts et 300 blessés.
La décision de commettre l’attentat contre l’Association mutuelle israélite argentine « a été prise par les plus hautes autorités de la république islamique d’Iran, a déclaré Alberto Nisman, le chef d’une équipe de procureurs chargés de cette enquête. Ces magistrats ont réclamé un mandat d’arrêt international à l’encontre des plus hautes autorités du gouvernement iranien de l’époque, dont le président Ali Rafsandjani.
L’AMIA assure depuis longtemps que l’Iran a organisé l’attentat et en a confié la réalisation à des membres du Hezbollah libanais. Ces accusations, fondées sur des renseignements des services secrets argentins, américains et israéliens, ont toujours été rejetées par Téhéran et le Hezbolah.
Un magistrat argentin, le juge Juan Jose Galeano, qui mena l’enquête pendant neuf ans, avait désigné comme chef d’opération Moshen Rabbani, conseiller culturel de l’ambassade d’Iran à Buenos Aires, avant de se voir retirer l’affaire à cause d’irrégularités.
Cette accusation provoqua de fortes tensions entre Buenos Aires et Téhéran, qui arrivèrent à leur comble en 2003 lorsque, sur mandat argentin, la justice britannique arrêta l’ex-ambassadeur iranien en Argentine Hadi Soleimanpour, avant de juger les preuves insuffisantes et de le remettre en liberté.
En 2004, le procès de l’attentat de l’AMIA s’était achevé dans un climat de frustration avec la relaxe des cinq Argentins poursuivis pour avoir fourni un soutien logistique.
Selon l’enquête, quelque 300 kg d’explosifs dissimulés dans une voiture ont été utilisés. Les auteurs de cet attentat, le plus meurtrier qu’ait connu l’Argentine, n’ont jamais été retrouvés et aucune condamnation n’a jamais été prononcée.
La communauté juive argentine, la plus importante d’Amérique latine avec quelque 300’000 personnes, réclame chaque 18 juillet, à l’occasion de l’anniversaire de l’attentat de l’AMIA, que justice soit faite.