AFP: Le ministère de l’Intérieur de Bahreïn a annoncé samedi l’arrestation de cinq Bahreïnis qui planifiaient, selon lui, des attentats dans ce petit royaume du Golfe où la tension persiste depuis la répression en mars d’un mouvement de contestation animé par des chiites.
Le porte-parole du ministère, le général Tarek al-Hassen, a laissé entendre que la cellule avait des ramifications en Syrie et en Iran. Ce dernier pays est en très mauvais termes avec Manama depuis la répression, par la dynastie sunnite de l’émirat, de manifestations antigouvernementales de la population majoritairement chiite.
Quatre membres du groupe ont été arrêtés et remis à Manama par les autorités du Qatar, un pays voisin, et le cinquième a été interpellé à Bahreïn, a précisé le général Hassen, indiquant que l’ambassade d’Arabie saoudite et un pont-digue reliant Bahreïn au royaume saoudien figuraient parmi les cibles du groupe.
Les quatre suspects arrêtés au Qatar ont avoué que leurs cibles « étaient le pont du roi Fahd, le siège du ministère de l’Intérieur, l’ambassade d’Arabie saoudite et des individus », a déclaré le général Hassen lors d’une conférence de presse à Manama.
Le pont-digue relie depuis 1986 Bahreïn à la province Orientale d’Arabie saoudite, royaume à majorité sunnite.
Au moment de leur arrestation au Qatar à bord d’une voiture en provenance d’Arabie saoudite, les autorités de Doha ont saisi « des documents et un ordinateur contenant des informations d’ordre sécuritaire, des détails sur certains sites vitaux », a expliqué le porte-parole.
Selon lui, ont été également saisies des sommes d’argent « en dollar et en toman », une référence utilisée à Téhéran pour évoquer un multiple du rial iranien.
« Ils ont avoué avoir quitté Bahreïn illégalement à l’instigation d’autres (parties) pour se rendre en Iran, en transitant par le Qatar et la Syrie, afin de créer une organisation pour commettre des actes terroristes armés à Bahreïn », a ajouté le porte-parole, dont les propos ont été rapportés par l’agence Bna.
Remis à Manama le 4 novembre, ils ont dénoncé un cinquième complice qui a été arrêté à son tour. Les membres du groupe ont été ensuite confiés au parquet, a-t-il encore indiqué sans préciser les commanditaires du groupe.
Bahreïn, archipel à majorité chiite dirigé par une dynastie sunnite, a étouffé mi-mars, avec le soutien militaire de l’Arabie saoudite notamment, un mouvement de contestation lancé mi-février et animé par les chiites, majoritaires dans le pays, faisant une trentaine de morts.
Une commission d’enquête indépendante doit présenter le 23 novembre un rapport sur ces violences, alors que dans le même temps, des dizaines de responsables de l’opposition et manifestants sont actuellement jugés, et souvent condamnés à de lourdes peines.
Un climat de vive tension persiste dans ce petit royaume où le principal groupe de l’opposition chiite, Al-Wefaq, dénonce régulièrement la politique « répressive » du gouvernement.
La répression du mouvement de contestation a été violemment condamnée par Téhéran, tandis que Bahreïn, soutenu par les autres monarchies arabes du Golfe, a accusé l’Iran d’ingérence pour avoir encouragé les manifestations.
Signe de ces mauvaises relations, Téhéran a protesté samedi auprès du chargé d’affaires de Bahreïn contre les « mauvais traitements » infligés selon lui à ses joueurs et supporters vendredi à Manama à l’issue d’un match de qualification pour la coupe du monde.
Le match de football, perturbé par l’irruption d’un supporter bahreïni sur le terrain, s’était achevé sur un score nul de 1-1, alors que l’Iran l’avait emporté par 6-0 lors du match aller en octobre à Téhéran.