Avec l’AFP – Michael Hayden, s’est dit mardi « mal à l’aise » concernant l’influence iranienne en Irak, devenue particulièrement évidente avec l’offensive sur Tikrit menée par les troupes irakiennes et des milices chiites soutenues par Téhéran.
« Je suis mal à l’aise devant l’influence iranienne croissante en Irak » a déclaré cet ancien directeur de la CIA (de 2006 à 2009). « Je suis mal à l’aise de voir l’offensive contre Tikrit ressembler à une avance chiite dans une ville sunnite », a expliqué Michael Hayden en marge d’une table-ronde à Washington sur les échanges internationaux de renseignement.
Le moment de vérité à Tikrit sera après la reprise de la ville par l’armée irakienne et les milices chiites, quand on verra « comment les milices chiites agissent envers la population locale » sunnite, a-t-il estimé.
Michael Hayden a expliqué que les Etats-Unis ne devaient pas échanger de renseignements avec les Iraniens au sujet de l’Irak, malgré leur volonté commune d’éliminer le groupe jihadiste Etat islamique (EI).
« Je ne crois pas que nous ayons un objectif commun » en Irak, a-t-il souligné. Les Etats-Unis souhaitent un gouvernement à Bagdad auquel participent « tous les grands groupes religieux et ethniques » du pays, a-t-il estimé.
Mais « la politique iranienne est basée sur la domination des chiites », ce qui risque d’alimenter le mécontentement sunnite et de « ressusciter » l’EI, a-t-il dit.
L’offensive contre Tikrit est la première attaque d’ampleur de l’armée irakienne contre l’EI depuis la percée fulgurante des extrémistes l’été dernier. Mais elle se fait sans le soutien de la coalition dirigée par les Etats-Unis.
Depuis le début de l’offensive sur Tikrit, les réseaux sociaux ont publié plusieurs photos montrant près de la ville du général iranien Ghassem Soleimani, commandant de la Force Qods (unité chargé des opérations extérieures iraniennes).
Des mise en garde de spécialistes et d’experts de la région se multiplient, alertant les pays de la coalition sur les conséquences d’un tel offensif appuyé sur les milices sous contrôle des gardiens de la révolution iranienne et du général Soleimani. Les organisations de défense des droits de l’homme, Amnesty International et Human Rights Watch ont de leur côté publié des rapports inquiétants sur les exactions et les cruautés de ces milices chiites contre les populations sunnites dans les zones reconquises en Irak.