The New York Times, Qom, Iran, 8 juin – De Michael Slackman Lhomme le plus influent en Irak aujourdhui et leader religieux chiite, le grand ayatollah Ali al-Sistani, fournit de largent, des logements et des soins médicaux gratuits à des dizaines détudiants religieux et gère des centaines de sites Internet religieux à travers le globe.
Cependant, tout ceci na pas lieu en Irak, mais ici dans la capitale religieuse de lIran.
Tandis que ladministration Bush cherche simultanément à stabiliser lIrak, en partie en donnant le pouvoir à sa majorité chiite, et à contenir lIran, elle doit prudemment gérer la relation complexe qui existe entre les deux pays. Ce nest pas uniquement linfluence de lIran en Irak que les Etats-Unis doivent combattre, mais les relations de lIrak avec lIran également.
Alors que layatollah Sistani est considéré avec méfiance par le gouvernement iranien (car il soppose à limplication des religieux dans la vie politique), ses relations avec les Iraniens se sont renforcées et se sont développées depuis loccupation américaine en Irak. Les divisions qui faisaient rage autrefois entre les Chiites dIrak et lIran, animosité alimentée par la guerre de huit ans entre les deux pays, ont commencé à disparaître tandis que les Chiites irakiens retrouvent une identité après des décennies doppression sous Saddam Hussein.
« Nous sommes une famille de Chiites »,a déclaré Javad Shahrestani, gendre de layatollah Sistani et son représentant à Qom. « Cest le fondement de notre vie. »
Alors que les Etats-Unis sont déterminés à mettre fin aux querelles avec lIran par des moyens diplomatiques, un grand nombre de dirigeants et danalystes politiques en Iran craignent que le président Bush utilise la force contre ce pays avant la fin de son mandat.
Cette idée à lesprit, les anciens et actuels responsables de la sécurité iraniens ont déclaré quils comptaient sur, et même entretenaient, leurs liens religieux avec lIrak ainsi quavec les Chiites dans des pays comme lInde et lArabie Saoudite, pour leur stratégie défensive.
Les Iraniens pensent que malgré leurs différends philosophiques avec les autres fidèles de leur religion, tels que layatollah Sistani, leur pays est la patrie chiite et toute attaque militaire contre lIran imposerait aux Chiites de la planète de réagir.
« Il y a deux choses auxquelles tiennent tous les grands ayatollahs : empêcher le chaos et assurer la sécurité des gens autant que possible », a déclaré un des responsables de la sécurité iraniens, qui sest exprimé sous couvert de lanonymat en raison de la nature de son travail. « Si les Etats-Unis frappent lIran, dautres acteurs vont entrer en scène. »
Lorganisation de layatollah Sistani craint déjà que les tensions entre lIran et les Etats-Unis naffectent son travail. Elle dispose de deux serveurs informatiques basés en Californie et qui constituent le cur de son centre de technologie. Si les Etats-Unis coupaient un jour laccès à ces serveurs, le réseau dinformation de layatollah Sistani serait mis hors ligne.
« Vont-ils surveiller, ou sauront-ils que cest pour layatollah Sistani, ou bien vont-ils simplement fermer les serveurs ? » a interrogé Walid Salman, un des managers technologiques travaillant pour lopération de layatollah à Qom.
Layatollah Sistani, qui est iranien, a étudié la religion à Qom il y a 56 ans avant de sinstaller dans la ville religieuse chiite de Nadjaf, en Irak, a déclaré M. Shahrestani, qui a quitté lIrak pour Qom il y a 29 ans et ny est jamais retourné. Il a mis sur pied lopération de layatollah Sistani en créant des réseaux de service, de la formation au web-design à lassurance maladie, pour des étudiants religieux. A Qom, dit-il, il y a 45000 étudiants qui reçoivent une assistance de cette sorte, et 20000 autres dans dautres villes iraniennes.
« En raison de la situation au temps de Saddam, nous avons décidé de faire de Qom notre centre », a affirmé M. Shahrestani depuis lun des nombreux centres culturels que son organisation dirige ici. (..)