AFP, Washington, 26 janvier – Par Laurent LOZANO – Les Etats-Unis emploieront tous les moyens nécessaires pour « stopper » quiconque menacerait leurs soldats en Irak, ont prévenu vendredi le président George W. Bush et l’administration dans une volonté de contrer plus énergiquement les agissements des Iraniens.
« Si quelqu’un essaie de s’en prendre à nos soldats, ou de nous empêcher d’atteindre nos objectifs, ou (essaie) de tuer des innocents en Irak, nous le stopperons », a déclaré M. Bush après avoir reçu le nouveau commandant de la force multinationale en Irak, le général David Petraeus.
Selon le Washington Post, cette détermination se traduit depuis fin 2006 dans l’autorisation donnée par l’administration aux soldats américains de tuer ou de capturer les agents des renseignements iraniens ou les membres de l’armée idéologique iranienne opérant en Irak.
Il s’agit de contenir l’influence grandissante de la République islamique dans la région, renforcée par les problèmes américains, et de forcer Téhéran à renoncer à ses activités nucléaires sensibles, expliquait vendredi le journal, citant des responsables du gouvernement et de l’antiterrorisme.
L’administration n’a pas confirmé ouvertement que les soldats américains aient reçu l’autorisation de tuer.
Mais M. Bush et son équipe « ont pris la décision politique que nos soldats devaient être en mesure de se protéger », comme il l’a dit dans le discours du 10 janvier annonçant une nouvelle stratégie pour l’Irak, a déclaré le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, Gordon Johndroe.
« Si vous vous trouvez en Irak et que vous essayez de tuer nos soldats, vous devez vous considérer comme une cible », a abondé le secrétaire à la Défense Robert Gates.
Le ministre irakien des Affaires étrangères, Hoshiar Zebari, a parlé sur la chaîne CNN de « nouvelle politique ». Il s’est dit sûr qu’il ne s’agissait pas d’une « carte blanche » délivrée aux Américains et que les centaines de milliers de visiteurs ordinaires et pèlerins iraniens, les diplomates ou les officiels n’étaient pas visés.
L’administration américaine accuse l’Iran, sa bête noire dans la région avec la Syrie, de se servir de l’Irak pour contrer les pressions exercées par les Etats-Unis pour endiguer les activités nucléaires de la République islamique.
Elle a de nouveau accusé l’Iran de soutenir les insurgés et de les pourvoir en engins explosifs qui sont pour beaucoup dans les pertes américaines. Le regain d’activité américaine contre les « ingérences » iraniennes a donné lieu à de sérieux incidents ces dernières semaines en Irak, comme l’arrestation de diplomates.
Cependant, M. Bush a réfuté que les Etats-Unis aient l’intention d’attaquer l’Iran, comme certains élus de la nouvelle majorité démocrate en expriment l’inquiétude, décelant dans le discours contre l’Iran les mêmes accents que ceux entendus contre l’Irak avant mars 2003.
« Cette supposition n’est tout simplement pas exacte », a répliqué M. Bush, ajoutant: « Nous croyons que nous pouvons résoudre notre problème avec l’Iran par des moyens diplomatiques et nous y travaillons ».
M. Gates a redit que les Américains pouvaient neutraliser les menaces contre eux en Irak même sans avoir à poursuivre quiconque de l’autre côté de la frontière.
Selon le Washington Post, pendant plus d’un an, les forces américaines ont arrêté des dizaines d’agents iraniens et ont appliqué une politique consistant à les relcher au bout de quelques jours après avoir pris photos, empreintes digitales, et même prélèvements d’ADN, pour dissuader de nouvelles activités.
L’administration a démenti cette partie des informations du journal.
Mais un haut responsables a confirmé qu’en effet, vers l’automne, les Américains avaient été confrontés à un regain des menées iraniennes.
Les autorités américaines, inquiètes de l’impunité iranienne, auraient alors conclu qu’une réplique plus musclée s’imposait, dit le Washington Post.