Le Monde, 28 janvier – Les Etats-Unis et l’Iran, qui ont rompu leurs relations diplomatiques depuis 1980, ont renoué le dialogue, lundi 28 mai, à Bagdad. La rencontre entre Hassan Kazemi, l’ambassadeur de l’Iran à Bagdad et son homologue américain, Ryan Crocker, est la plus importante à ce niveau depuis vingt-sept ans, si l’on excepte les brefs entretiens, début mai à Charm el-Cheikh (Egypte), entre la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice et son homologue iranien Manouchehr Mottaki.
L’amélioration de la situation sécuritaire en Irak est, a priori, l’unique thème de cette rencontre puisque les deux pays ont convenu d’éviter toute discussion sur leur principal point de désaccord : le programme nucléaire iranien. La rencontre se déroule dans la résidence du premier ministre irakien Nouri al-Maliki.
DÉSACCORDS ENTRE LES DEUX PAYS
Vu la situation en Irak, l’Iran considère que le départ des forces américaines est la première condition au rétablissement de la sécurité chez son voisin. Les Etats-Unis accusent, de leur côté, l’Iran d’aider les groupes extrémistes en Irak, chiites notamment.
La rencontre entre les deux diplomates intervient alors que Téhéran a accusé, dimanche, Washington d’avoir organisé des réseaux d’espions chargés de mener des « sabotages » dans ses régions frontalières sensibles. L’Iran a transmis ses « fortes protestations » à l’ambassadeur suisse à Téhéran, qui y représente les intérêts américains.
Autre point de désaccord, la Maison Blanche a récemment rejeté l’idée d’un échange de cinq Iraniens détenus en Irak et des Irano-Américains détenus en Iran. Les premiers sont accusés d’être impliqués dans les réseaux d’approvisionnement qui fournissent la guérilla irakienne en engins explosifs. Les seconds des chercheurs et des journalistes sont soupçonnés par Téhéran de vouloir renverser le régime islamique.