Reuters, 28 mai – Des responsables américains devraient exhorter leurs homologues iraniens à cesser d’aider les milices chiites irakiennes, ce lundi à Bagdad, à l’occasion de discussions exceptionnelles sur la situation en Irak.
La réunion entre l’ambassadeur des Etats-Unis Ryan Crocker et son homologue iranien Hassan Kazemi-Qomi représente une rupture dans la politique diplomatique des Etats-Unis qui, après avoir rompu ses relations avec Téhéran en 1980, a cherché ces dernières années à isoler la république islamique.
Les deux hommes n’évoqueront pas les programmes nucléaires iraniens, dont les Etats-Unis affirment qu’ils visent mettre au point une arme nucléaire, ce que Téhéran dément.
L’Irak, qui dit ne pas vouloir devenir un champ de bataille pour les deux pays ennemis, a salué l’organisation de la réunion de lundi.
« C’est un événement positif. Nous devons le soutenir. Ce n’est que le début d’un processus », a déclaré à Reuters le chef de la diplomatie irakienne, Hochiyar Zebari.
Des dirigeants irakiens doivent également prendre part à cette réunion. Le lieu où elle se tiendra n’a pas été dévoilé.
Ces discussions interviennent au moment où de nombreux navires de guerre américains participent à des manoeuvres dans le Golfe, et deux jours après que Téhéran eut affirmé avoir démantelé sur son territoire un réseau d’espions occidentaux.
Dimanche, le ministère iranien des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur de Suisse à Téhéran, qui représente les intérêts américains, pour dénoncer l’implication des Etats-Unis dans ce réseau.
Anthony Cordesman, du Centre d’études stratégiques et internationales de Washington, a estimé qu’il ne fallait pas trop attendre des discussions de lundi.
« Les Etats-Unis savent ce qu’ils veulent de Téhéran, mais il n’est pas du tout sûr qu’ils l’obtiennent. Les Etats-Unis veulent que l’Iran cesse de soutenir les milices chiites et cessent de leur fournir des armes. En même temps, l’administration n’a pas grand chose à fournir en échange », a-t-il dit.
Crocker lui-même a déclaré qu’il n’attendait aucune percée d’envergure lors de cette réunion.
L’Iran dément soutenir la rébellion irakienne et demande aux forces américaines de quitter l’Irak, affirmant que la présence des forces américaines contribue à favoriser les tensions entre sunnites et chiites.