Le Figaro, 3 mars – À en croire Mahmoud Ahmadinejad, c’est « une nouvelle page» qui vient de s’ouvrir entre l’Irak et l’Iran. En 1980, le régime de Saddam Hussein avait lancé une offensive contre la République islamique, plongeant les deux pays dans un conflit meurtrier qui allait durer huit ans. Qualifiée d’ «historique», la visite de deux jours que M. Ahmadinejad a entamée dimanche à Bagdad est la première d’un président iranien depuis la révolution islamique de 1979. Elle intervient alors que les États-Unis, qui maintiennent 158 000 soldats en Irak, tentent d’endiguer l’influence de Téhéran dans la région et ses activités nucléaires sensibles.
Le président iranien n’en a pas moins été accueilli en grande pompe par son homologue irakien, Jalal Talabani. «Ce voyage ouvre un nouveau climat dans la région, a déclaré M. Ahmadinejad. Nous avons une compréhension commune des choses et les deux parties sont déterminées à renforcer leur coopération politique, économique et culturelle.» Qualifiant le climat des discussions avec M. Talabani de «fraternel et constructif», le président iranien a assuré que l’Irak était appelé à devenir une grande puissance régionale.
«LE PEUPLE IRAKIEN N’AIME PAS L’AMERIQUE»
Ahmadinejad s’est également rendu dans la zone verte, sécurisée par l’armée américaine, pour rencontrer le premier ministre, Nouri al-Maliki, à son bureau, situé à moins de deux kilomètres de l’ambassade des États-Unis. Assurant que «le peuple irakien n’aime pas l’Amérique», le président iranien n’a pas hésité à accuser Washington d’avoir importé le terrorisme au Moyen-Orient. «Il y a six ans, il n’y avait pas de terroristes dans notre région. Dès que les étrangers y ont mis les pieds, ils sont apparus», a lancé Ahmadinejad. Les responsables américains à Bagdad ont refusé de commenter la visite de M. Ahmadinejad. En réalité, explique un expert, conscients que la mobilisation militaire des États-Unis limite l’appétit de Bagdad, «les Iraniens veulent que les Américains restent en Irak, mais qu’ils y échouent».
L’Iran devrait se retrouver sur la sellette cette semaine pour son programme nucléaire controversé devant le conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et dès aujourd’hui le Conseil de sécurité de l’ONU devrait donner un tour de vis supplémentaire au régime de sanctions économiques et commerciales qu’il impose depuis quinze mois à l’Iran.