AP, Mandali (Irak), 23 mars – A la frontière entre l’Iran et l’Irak, des soldats américains et des gardes-frontières irakiens focalisent leur attention sur un couloir montagneux frontalier bien connu des bergers et des contrebandiers, pour repérer les éventuels combattants qui viendraient d’Iran pour soutenir l’insurrection.
Les autorités de la coalition et du gouvernement provisoire accusent depuis un certain temps le régime chiite de Téhéran de se mêler des affaires irakiennes, et ces hommes sont la première ligne de défense contre d’éventuels infiltrateurs.
En février, l’armée américaine a annoncé la capture, dans la ville frontalière de Mandali, de Jaffar Sadiq Fette, un Iranien accusé du meurtre d’un agent des services secrets irakiens, et soupçonné d’avoir convoyé des insurgés vers les camps d’entraînement iraniens du Hezbollah.
Sur 96 kilomètres de long, en pleine montagne, une centaine de soldats américains, assistés d’un millier de gardes-frontières irakiens, patrouillent le long de la frontière et guettent ceux qui tentent de traverser. Le reste de la frontière est surveillé par les Irakiens, des soldats de la coalition et des peshmergas kurdes.
«Il y a eu un peu de contrebande, des mouvements de véhicules», déclaré le lieutenant-colonel William Hart, commandant du 1er escadron du 278e régiment de la 42e division d’infanterie, qui surveille la passe. Selon lui les traversées ne se font qu’à «faible échelle», et seul un pourcentage minime est lié à l’insurrection.
Deux cents captures ont été effectuées en février. Mais beaucoup des personnes repérées échappent aux soldats.
«La plupart du temps, même si nous (les) voyons, nous n’arrivons pas à les attraper, parce qu’ils connaissent trop bien le terrain», confie le lieutenant Kevin Mick. Cette frontière est «un cauchemar à patrouiller et à défendre», dit-il.
De fait la totalité des captures sont à mettre au crédit des gardes-frontières irakiens, sur lesquels les troupes américaines se reposent, selon le lieutenant. Tout en s’inquiétant parfois de leur loyauté, alors que certains se plaignent de ne pas avoir touché leur solde depuis deux mois, ou d’avoir des armes moins performantes que le reste de l’armée irakienne.
«Nous ne sommes pas assez naïfs pour ne pas penser que certains gardes-frontières n’ont pas été achetés», reconnaît Kevin Mick. «Mais leur situation est meilleure qu’auparavant», ajoute-t-il.